La remise du rapport parlementaire sur la nationalité a donné lieu mercredi à un vrai pataquès, son auteur, le député UMP Claude Goasguen, étant contraint de faire machine arrière sur ses propositions les plus choc même si d'autres demeurent, violemment contestées par la gauche.
De fait, si les propositions de l'élu de Paris aboutissant à une suppression de la binationalité -préconisée aussi par Marine Le Pen (FN)- ont été retoquées mardi soir lors d'une réunion du groupe UMP, d'autres, relatives à l'acquisition de la nationalité, sont bel et bien maintenues.
Ainsi Claude Goasguen, qui a là obtenu l'aval du groupe UMP, prône un retour de la loi Pasqua de 1993: les enfants nés en France de parents étrangers devront faire une démarche d'adhésion pour acquérir la nationalité française.
C'est ce qu'avaient demandé les députés de la Droite populaire lors de la discussion du projet de loi sur l'immigration, à l'automne. Une demande d'ailleurs à l'origine de l'installation de la mission parlementaire en octobre 2010, dont M. Goasguen est rapporteur et Manuel Valls (PS) président.
Les socialistes au pouvoir en 1998 avaient donné un caractère automatique à l'acquisition de la nationalité, à 18 ans, pour ces jeunes, dès lors qu'ils avaient résidé au moins cinq ans en France depuis l'âge de 11 ans.
M. Goasguen demande aussi que soit supprimée la possibilité de demander la nationalité de façon anticipée dès 13 ans.
Pour réduire les naturalisations -il considère qu'avec 135.000 par an, il y en a "trop" -, il veut exclure des demandes d'acquisition les enfants d'étrangers entrés en France de façon illégale.
Pour "redonner une âme au droit de la nationalité", il propose que "tous les jeunes Français" manifestent leur volonté d'appartenir, à 18 ans, à la nationalité française, à l'occasion, par exemple, de la remise de la carte d'électeur à la mairie. Mais, remarque Sandrine Mazetier, membre PS de la mission, il ne s'agit pas d'une "exigence", contrairement aux jeunes nés de parents étrangers.
"L'idée est de redonner au droit de la nationalité une vigueur volontariste qu'il a perdu avec la mondialisation", a déclaré M. Goasguen à l'AFP.
Alors qu'il demandait noir sur blanc, dans ce qu'il a affirmé mercredi n'être qu'un "simple document de travail", la suppression de la binationalité -une mesure récusée tant par Nicolas Sarkozy que par Jean-François Copé -, M. Goasguen "se contente" désormais de demander à tout candidat à la nationalité par mariage ou naturalisation de "renoncer expréssement" à sa nationalité étrangère.
Il propose aussi que soit rendue obligatoire une déclaration de nationalité(s) dans l'acte d'état civil.
"Cela nous permettra de savoir combien il y a de bi ou multinationaux car les chiffres les plus fantaisistes courent sur le sujet", souligne M. Goasguen, qui cite explicitement Mme Le Pen "disant qu'il y a 5 millions d'Algériens binationaux en France".
Une autre proposition de M. Goasguen a été rejetée par ses collègues de la Droite populaire: pour valoriser le statut de résident -et décourager les demandes de naturalisation-, il voulait le rendre plus attractif en délivrant le droit de vote et d'éligibilité aux municipales.
Cette proposition ne figure plus dans le document avalisé par le groupe UMP.
M. Copé, secrétaire général de l'UMP, minimisait toutefois mercredi l'embrouillamini autour du rapport de M. Goasguen, acteur important de l'UMP dans la capitale. "Cela montre bien la richesse du débat à l'UMP", a-t-il sobrement commenté.
(Source : lepoint.fr).