MM. Sarkozy et José Manuel Barroso, venus du Canada voisin, rejoindront samedi après-midi la retraite présidentielle de Camp David avec pour mandat des Européens de convaincre M. Bush et les Américains d'accepter une refondation de l'organisation financière mondiale. M. Bush a admis vendredi la nécessité d'une réforme du système.
Mais, à trois mois de quitter la Maison Blanche, il a ajouté que cette tâche incomberait à son successeur, dont elle doit être "l'une des toutes premières priorités". Et il n'a pas laissé apparaître clairement s'il parlait du seul système américain, alors que les Européens réclament une réforme complète et proposent, contre les réticences américaines, d'instaurer une forme de supervision mondiale des marchés, qui échoirait au Fonds monétaire international.
Dans un discours à Washington, M. Bush a mis en garde contre les "conséquences indésirables" qu'une nouvelle régulation ne doit pas avoir selon lui sur l'activité économique, et il a chanté les vertus du "capitalisme démocratique". "Nous ne devons jamais perdre de vue les bénéfices énormes apportés par le système de libre entreprise. En dépit des corrections sur les marchés et en dépit de certains abus, le capitalisme démocratique reste le plus grand système jamais conçu", a-t-il dit dans un discours à Washington.
Si la Maison Blanche est d'accord pour un sommet avant la fin de l'année, la porte-parole de M. Bush, Dana Perino, s'est gardée de s'engager plus avant. Elle s'est beaucoup employée à contenir les attentes avant les discussions de samedi. "Je peux vous assurer que je ne crois pas qu'on réécrira Bretton Woods demain à Camp David", a-t-elle plaisanté en faisant référence aux accords signés en 1944 qui ont fondé le système financier après la Deuxième Guerre mondiale et dont les Européens réclament une révision.
Elle a dit ne pas s'attendre à ce que MM. Bush, Sarkozy et Barroso annoncent la date et le lieu d'un sommet samedi, même si un haut responsable européen, sous le couvert de l'anonymat, envisageait une telle éventualité.
"Il y a beaucoup de choses sur lesquelles travailler. Nous trouverons une date. Mais trouver une date est le moindre de nos soucis", a dit Mme Perino.
Jeudi encore, M. Sarkozy affirmait l'urgence d'un sommet avant la fin de l'année et tenait des propos auxquels faisaient écho ceux de M. Bush vendredi. "Si nous attendons le nouveau président (américain), ça veut dire que dans le meilleur des cas, on se réunit disons au printemps. Je vous dis que c'est beaucoup trop tard et ce n'est pas acceptable", a dit M. Sarkozy, dont le pays exerce la présidence tournante de l'Union européenne.
"L'Europe veut le sommet avant la fin de l'année, l'Europe le demande et l'Europe l'obtiendra", a martelé M. Sarkozy jeudi.
Les dirigeants européens reprochent à leurs homologues américains d'avoir trop longtemps refusé d'intervenir au nom du principe, sacro-saint aux Etats-Unis, de libre entreprise, ce qui a permis aux investisseurs de réaliser des opérations toujours plus risquées et opaques.
Les Européens en ont après les agences de notation, accusées de ne pas avoir fait leur travail pendant la crise financière, et après les fonds spéculatifs (hedge funds).
Un sommet des pays du G8 (Etats-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Japon, Canada, Italie et Russie), probablement élargi aux économies émergentes, servirait à une refondation. M. Sarkozy voudrait le voir se tenir à New York, "là où tout a commencé", et en novembre.