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lundi, 16 juillet 2012

PSA supprime 8000 postes en France : un drame national

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Le groupe fermera en 2014 le site d'Aulnay-sous-Bois qui emploie 3000 salariés. De nombreux sous-traitants sont également touchés.

Même s'ils s'attendaient à de mauvaises nouvelles, c'est un choc terrible pour les salariés de PSA. Philippe Varin, le patron du constructeur, a annoncé jeudi un plan de restructuration d'une ampleur considérable. Le groupe va supprimer 8000 postes en France, qui se traduiront par 6500 départs s'il parvient à reclasser 1500 personnes en interne. Ces réductions d'effectifs, qui s'inscrivent dans un plan de départs volontaires courant jusqu'à mi-2013, s'ajoutent aux 1900 suppressions de postes dans l'Hexagone annoncées en novembre. Au total, ce sont donc près de 10.000 postes qui disparaissent.

La mesure la plus symbolique, redoutée depuis un an, est la fermeture, en 2014, du site d'Aulnay, qui emploie 3000 salariés. Il s'agit du premier arrêt d'une usine en France depuis celle de Renault à Billancourt, il y a vingt ans. La production de ce site, qui fabriquait la C3, va être transférée vers celui de Poissy, dans les Yvelines. Le groupe souhaite proposer un emploi à la moitié des salariés à l'intérieur du groupe, surtout à Poissy. La majeure partie de ces personnes devraient, en toute logique, prendre la place des 1300 intérimaires de Poissy. PSA compte aussi trouver des solutions d'emplois en réindustrialisant le site d'Aulnay, avec des activités automobiles, portées notamment par le groupe. Cette annonce, qui était détaillée dans un document de travail interne révélé par la CGT à l'été 2011, n'est pas une surprise. Le groupe cherche à faire tourner à plein Poissy en sacrifiant Aulnay, où les relations sociales sont plus tendues.

Le site de Rennes est aussi très touché, avec 1400 suppressions d'emplois sur 5600. Il s'agit d'un «coup de massue», souligne Didier Picard, de la CFE-CGC, qui rappelle que les salariés de l'usine bretonne, qui comptait 12.000 personnes en 2005, ont déjà fait «d'énormes efforts» puisqu'il s'agit du quatrième plan de réduction en cinq ans. Le site échappe toutefois à la fermeture. Il produira un modèle en 2016, qui pourrait être une voiture compacte de son partenaire Opel, tandis que la remplaçante de la C5 pourrait être fabriquée en Allemagne. D'ici là, ce site, specialisé dans les berlines haut de gamme (508, C6), risque de continuer à souffrir de la baisse du segment et de la concurrence des marques allemandes.

La restructuration concerne aussi largement les salariés ne travaillant pas dans la production, avec 3600 départs prévus sur différents sites français. 1400 postes sont supprimés au pôle recherche et développement, et 1300 à la direction industrielle. Pour l'heure, aucune mesure ne concerne l'usine de Sevelnord, près de Valenciennes. Ce site est fragilisé par le départ de Fiat cette année de la coentreprise qu'il formait avec PSA pour produire des véhicules utilitaires. Le français dit avoir bon espoir de trouver un nouveau partenaire.

 

700 millions de déficit

 

Philippe Varin a dit «être pleinement conscient du caractère douloureux» des annonces ainsi que du «choc et de l'émotion» qu'elles provoquent «dans l'entreprise et au-delà». Pour lui, ces décisions sont la «seule voie» pour «assurer l'avenir du groupe». Il a assuré que «personne ne sera laissé au bord du chemin».

PSA subit de plein fouet la baisse du marché européen, qui représente 60 % de son activité. Sur ce marché, le groupe anticipe une chute de ses ventes de 10 % cette année, ce qui devrait se traduire par un recul de sa production européenne de 21 % entre 2007 et 2012. Résultat, ses usines, sous-utilisées, perdent de l'argent. Sa division automobile a enregistré un déficit d'environ 700 millions d'euros au premier semestre, après 500 millions au second semestre 2011.

Plus grave, le groupe a brûlé environ 1,6 milliard de trésorerie sur les six premiers mois de l'année, selon certains analystes, après 1,5 milliard au second semestre 2011. «Nous perdons 200 millions de cash par mois, une situation qui risque de mettre en péril l'entreprise», a déclaré Philippe Varin. Le groupe compte équilibrer sa trésorerie à partir de la fin de 2014. D'ici à la mi-2013, le plan de départ devrait toutefois coûter 500 millions à PSA, estime la Deutsche bank. Le patron du groupe a en revanche écarté l'idée d'un prêt public, assurant que le groupe dispose d'une sécurité financière encore suffisante. PSA va aussi réduire significativement ses investissements, qui ont beaucoup augmenté pour accompagner son internationalisation et sa montée en gamme, et que le groupe comptait financer par les revenus de ses activités européennes.

Ces mauvaises nouvelles ont provoqué de vives réactions des responsables syndicaux. Bernard Thibault, de la CGT, a évoqué un «séisme», et a estimé qu'il fallait «multiplier par trois, voire quatre» ces suppressions d'emplois, pour «mesurer l'impact» réel «en termes d'emplois». Pour Jean-laude Mailly, de FO, les salariés paient «la facture des erreurs stratégiques du groupe». À la CFTC de PSA, Franck Don, considère que «la baisse des effectifs en R & D est gravissime». De son côté, Anne Valleron, de la CFE-CGC, souligne qu'il faut «travailler pour trouver des solutions pour les salariés».

 

La position du président de la République

 

Par ailleurs, le président de la République, François Hollande, a affirmé lors de l'interview télévisée du 14 Juillet que le plan présenté cette semaine par PSA Peugeot Citroën est  "inacceptable", et que "l'État ne laissera pas faire". "Il doit être renégocié", a-t-il assuré.

Le chef de l'État souhaite engager une concertation pour qu'il n'y ait aucun licenciement sec. François Hollande a répété que sa première mission était la sauvegarde de l'emploi rappelant que le taux de chômage, aujourd'hui à 10%, est un record depuis 12 ans.

Le gouvernement ne peut pas interdire la fermeture du site d'Aulnay, mais "nous pouvons faire en sorte de faire qu'Aulnay reste un site industriel, de la même manière qu'il doit y avoir des garanties sur la pérennisation du site de Rennes", a-t-il ajouté.

L'Etat pourra agir avec "le chômage partiel", "la formation professionnelle" et "les crédits que nous pouvons apporter", a-t-il précisé. "Expertise, concertation et plan stratégique pour l'automobile" (qui sera dévoilé le 25 juillet) constituent les différentes étapes de réaction, a-t-il égrené.

La direction du constructeur a officiellement présenté ce jeudi en comité central d'entreprise son projet de réorganisation et annoncé l'arrêt de la production à l'usine d'Aulnay en 2014. Une fermeture qui concerne 3000 salariés. Au total, le groupe va supprimer 8000 postes en France, dans le cadre de son plan de restructuration. Outre Aulnay, l'usine de Rennes, qui fabrique les Peugeot 508 et Citroën C5 et C6, sera également très touchée: 1400 emplois sur un total de 5600 emplois sont concernés par la réorganisation.

 

(Source : Le Figaro).

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