vendredi, 06 juillet 2012
Vendredi Europe Express - Chypre, dans l'impasse financière, prend la présidence des Vingt-Sept
Chypre succède au Danemark pour prendre la présidence tournante de l'Union européenne. Ce moment de fierté nationale est gâché par la nécessité de négocier un plan de sauvetage qui risque d'être sévère pour l'île.
Chypre, la petite île de moins de 1 million d'habitants qui a pris hier la présidence tournante de l'Union européenne jusqu'à la fin décembre, accueille aujourd'hui comme la Grèce la troïka. Une trentaine de personnes (FMI, BCE et Commission européenne) viennent éplucher ses comptes nuit et jour jusqu'à vendredi afin de dessiner le 5 e plan de sauvetage européen. Très discret sur ce chapitre, le vice-ministre aux Affaires européennes, Andreas Mavroyiannis, a affirmé hier à Bruxelles que l'île se préparait depuis longtemps à la présidence de l'Union et que, malgré sa petite taille, elle piloterait au mieux les dossiers européens en cours.
Avec deux préoccupations majeures. La négociation sur les perspectives budgétaires de l'Union européenne pour la période 2014-2020, qui doit déboucher sur un chiffre final à la fin de l'année. Et la surveillance diplomatique de l'évolution en Syrie. Situé à une centaine de kilomètres des côtes syriennes, Chypre craint d'être en première ligne si le conflit dégénère. Alors que le tiers nord-est de son territoire est toujours occupé par la Turquie, seul pays à reconnaître la République turque de Chypre du Nord, le gouvernement de l'île se montre aussi « inquiet » de la manière dont la Turquie gère le dossier syrien.
Pour le reste, Andreas Mavroyiannis a fait preuve d'optimisme : « Avec un endettement de 6,3 % en 2011 et un niveau de dette de 70 % du PIB, notre situation économique n'est pas catastrophique », a-t-il déclaré. Seulement « fragile ».
Un euphémisme ! Les banques chypriotes ont perdu plus de 3 milliards d'euros à la suite de la restructuration de la dette privée souveraine de la Grèce. La première banque du pays, Bank of Cyprus, semble à peu près saine, mais la deuxième, Cyprus Popular Bank, vient d'être recapitalisée par l'Etat chypriote à hauteur de 1,8 milliard d'euros, un minimum pour qu'elle respecte les ratios réglementaires de fonds propres.
Pour le gouvernement, ce renflouement représente un effort équivalent à 10 % de son PIB. Et ce n'est sans doute pas fini : l'agence Fitch a évoqué un besoin minimal de 4 milliards d'euros, tandis que les experts européens parlent d'une fourchette comprise entre 2 et 10 milliards. Enfin, si la situation économique de son voisin empirait, Chypre ne survivrait pas sans une prise en charge de son économie par l'Eurozone, puisque le total de l'exposition de ses banques en Grèce atteint 23 milliards d'euros ! A comparer avec un PIB de 17,3 milliards d'euros en 2003.
La troïka va donc chercher le juste milieu entre une recapitalisation a minima du secteur bancaire et un programme d'ajustement plus global. Les négociations s'annoncent difficiles face au président communiste, Demetris Christofias, qui ne veut pas entendre parler d'austérité à huit mois de la présidentielle, et qui prétend toujours pouvoir obtenir de l'aide à meilleur marché ailleurs. Néanmoins, la Russie, qui avait prêté 2,5 milliards l'an dernier, ne semble pas disposée à prêter davantage, d'où l'appel au secours finalement déposé le 25 juin par Nicosie. Les Chypriotes ont une peur bleue des conditions que risque de leur imposer Bruxelles, alors qu'ils pratiquent l'indexation automatique des salaires et qu'ils battent tous les records avec le plus bas taux d'imposition des entreprises (10 % seulement).
(Source : Les Echos).
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