Hommage à Patrick Pigout

Patrick Pigout, Trésorier-adjoint de l'association des Amis de Brigitte Fouré, ancien élu d'Amiens, nous a quittés le vendredi 1er mars dernier à l'âge de 73 ans. Vous pourrez lire ci-après son éloge funèbre, prononcé par Brigitte Fouré ce matin lors de ses obsèques en l'église Saint-Jacques d'Amiens (Photo : François-Xavier Bondois).

 

Chère Lucette,

Chère Famille en deuil, chers amis du défunt, chers élus et anciens élus, rassemblés aujourd’hui en corps ou en esprit, autour de notre ami Patrick Pigout, en ce 8 mars 2024, pour lui rendre collectivement un dernier hommage,

 

Je tenais à cette occasion à m’exprimer publiquement devant vous, au nom des élus de la ville et de la métropole d’Amiens, certes, mais aussi au nom de ceux, qui acteurs de cette même terre de Somme, s’engagent pour créer un monde meilleur.

Tout au long de son existence, Patrick a tenu à traduire cet attachement à sa ville d’Amiens par un profond engagement personnel.

Né le 12 avril 1950 à Crèvecœur-Le-Grand, dans l’Oise, il sera scolarisé à La Providence, à Amiens, où il effectuera l’ensemble de sa formation. Son père décède très tôt et Patrick passera beaucoup de temps avec son grand-père, qu’il adorait.

Après ses études, il travaille pour un informaticien de la rue Jean-Catelas. On était alors aux prémices des technologies de l’information et Patrick, passionné par ces nouvelles techniques et très doué en ce domaine, y consacrera toute sa carrière. Il entre par la suite à La Ruche Picarde qui, au gré des évolutions économiques, devient Mammouth puis Auchan. Fidèle et loyal au groupe Auchan, qu’il admirait beaucoup, il saura gravir tous les échelons grâce à son professionnalisme. Lorsqu’il prend sa retraite en 2011, il est le responsable informatique d’Auchan Amiens Sud.

Au début de sa carrière, il rencontre Lucette Lefort, qu’il épousera le 7 octobre 1972 à Amiens.

Le virus de la politique ne tardera pas à les contaminer. Ils participent en effet à la campagne cantonale victorieuse de Jean-Claude Broutin dans le canton d’Amiens Sud-Est en 1973, où ils rencontrent notamment Jean-Claude Oger, futur adjoint au maire, qui deviendra l’un de leurs plus proches amis. Et Jean-Claude Broutin exercera le mandat de conseiller général durant 31 ans, jusqu’en 2004 !

Cette victoire aux élections cantonales, gagnée à la sueur du front des militants, donne des ailes à Patrick et Lucette. Ils adhèrent à l’UDF, formation centriste, et seront, dès lors, de toutes les campagnes.

Des moments de militantisme parfois durs et exigeants mais majoritairement empreints de joies, de convivialité et aussi de fous-rires. Comme lors de cette soirée de campagne législative, où, affairés à réaliser du collage et du tractage dans une petite commune de la circonscription concernée, l’éclairage public s’éteint soudainement, laissant notre joyeuse équipe dans le noir complet, au point que le fait de regagner leur véhicule s’avéra être une mission quasi-impossible !

En 1989, Patrick et Lucette font partie de l’équipe militante qui fait basculer la ville d’Amiens et porte Gilles de Robien à la fonction de maire. Le soir de la victoire, après une campagne difficile, la joie était sur tous les visages.

Aussi, lorsqu’il s’agit de créer les comités de quartier dans notre ville, Patrick répond à l’appel. Il sera le président-fondateur du comité Saint-Germain Les Halles, quartier dont l’église Saint-Jacques où nous nous trouvons en ce moment, fait partie.

En encourageant les citoyens à s'impliquer dans les affaires publiques, la participation citoyenne les responsabilise vis-à-vis de leur ville et de leur environnement. Elle les incite à prendre une part active dans la résolution des problèmes et dans la construction d'un avenir commun. Les comités de quartier s’inscrivent dans cette démarche de participation citoyenne. Patrick consacre alors toute son énergie à ce nouveau mode de gouvernance souhaité par la nouvelle équipe municipale. Son dynamisme ne tarde pas à faire rayonner Saint-Germain Les Halles et c’est tout naturellement que l’ensemble des comités de la ville le porte à la présidence de l’Union des comités de quartier. C’est alors une immense fierté pour lui. Il aura notamment à cœur, on ne se refait pas, de faciliter le travail et la communication des comités en y faisant entrer les technologies numériques qui commencent alors à se développer à grand pas.

Une implication de chaque instant qui pousse Gilles de Robien à le choisir sur sa liste en 1995. Une liste réélue dès le premier tour. Fort de cette confiance populaire, l’équipe municipale se remet au travail. Après les comités de quartier, c’est la naissance des adjoints de secteur. Patrick sera conseiller municipal délégué au secteur Centre, auprès de l’adjoint Marc Thuilot, dont je salue la mémoire ce matin, qu’il épaulera sans relâche. Marc et Patrick se démènent alors pour faire de ce secteur, le Centre, un secteur comme les autres, et pas seulement celui des activités tertiaires ou du commerce. En six ans, ils multiplient ainsi les événements, les rencontres citoyennes, qui forgent petit à petit une identité propre au centre-ville et à ses habitants.

Promu au sein du groupe Auchan, Patrick cesse d’être élu en 2001 pour se consacrer à son métier durant ses dix dernières années de vie professionnelle.

La défaite de notre équipe municipale en 2008 est un choc pour lui et, un peu avant sa retraite, il pousse la porte de ma permanence d’élue d’opposition, à quelques mètres d’ici, au 10 rue Jean-Calvin. Lucette m’avait déjà rejoint quelques mois auparavant.

Je peux dire que j’ai eu beaucoup de chance. Rigoureux, organisé, toujours prêt à apaiser les tensions qui ne manquent pas de naître dans la sphère politique, il fut pour moi d’un grand soutien. Présent quasi-quotidiennement à la permanence, il venait souvent donner un coup de main à Fabrice, qui coordonnait l’équipe de bénévoles et les actions de mon association, afin de lui venir en aide et de réaliser nos objectifs communs. Il souhaitait plus que tout l’alternance en 2014 et ne comptait pas ses heures pour cela, tout comme la vingtaine de bénévoles présents à mes côtés à cette période. Des bénévoles qu’il formait notamment à l’outil informatique, toujours pour rendre nos actions militantes plus efficaces !

L’investiture obtenue et l’échéance enfin arrivée, je lui confiais sans hésiter la responsabilité de mon immense permanence de campagne, située rue Saint-Patrice, à côté de la grande Poste. Ce fut un marathon pour nous tous et surtout pour lui. Le dernier mois, il était parfois présent dans ce local de campagne de 9 heures du matin à plus de minuit. Un investissement récompensé par la victoire de notre liste « Rassemblés Pour Amiens », sur laquelle il figurait. En cette fin mars 2014, son engagement, ainsi que celui de tous les bénévoles de la rue Jean Calvin, connaissait son apothéose. Toutes et tous accueillaient ces instants comme un moment de grâce et de bonheur.

Patrick devint alors mon Adjoint délégué au secteur Centre. Amoureux du centre-ville et de son quartier Saint-Germain, il le vivait comme une consécration personnelle. La précédente majorité ayant supprimé le secteur Centre, tout était à refaire ! Dans un premier temps, il partagea ainsi un bureau commun à l’Hôtel de Ville avec son collègue-adjoint Clément Stengel. Malgré le travail conséquent que constituait la réactivation de son secteur, il n’hésitait pas à conseiller et à guider les premiers pas de ce nouvel élu d’alors 34 ans. Le 22 mai 2015, il fut si fier de nous inviter à l’inauguration de la nouvelle mairie de secteur Centre, SA mairie ! Avec l’aide de ses directeurs de proximité, Hocine Boubeche puis Loïc Résibois, de son conseiller délégué Paul-Eric Dècle, tout comme de son assistante Emilie Leriverend et de toute l’administration, il devint alors le capitaine du secteur Centre. Toujours dans l’esprit de service qui le caractérisait si bien !

De 2017 à 2020, il fut aussi en charge du Commerce et, à la faveur de l’élargissement de la métropole, présidée par Alain Gest, à plusieurs communes, il accéda au mandat de Conseiller d’Amiens Métropole de 2018 à 2020. Il présida aussi, dans le cadre de ses mandats, le conseil d’administration de la coopérative d’habitat social Toit Aussi.

Depuis 2020 et la réélection de notre équipe, il assurait une fonction de chargé de mission au sein du groupe d’élus « Amiens ensemble », en lien avec mon cabinet, parallèlement à des activités bénévoles de trésorier de l’UDI et de trésorier-adjoint de l’association de mes amis.

Oui, ce matin, nous nous réunissons pour rendre hommage à un homme dont la vie a été guidée par un engagement indéfectible envers les valeurs centristes et les valeurs du Vivre-ensemble. Nous honorons la mémoire d'un militant dont la passion pour le dialogue, la tolérance et le compromis a rendu service à notre ville et inspiré celles et ceux qui l'ont connu.

Patrick Pigout était bien plus qu'un élu parmi nous. Il était une figure emblématique de la vie amiénoise, un véritable pilier du centre-ville. Son dévouement sans faille envers les Amiénoises et les Amiénois a marqué les dernières décennies, et son absence laissera un vide difficile à combler.

En dehors de ses engagements politiques et sociaux, Patrick était un homme passionné. Sa curiosité insatiable et son esprit créatif étaient une source de partage pour tous ceux qui avaient la chance de le connaître. Il aimait l’informatique, comme je le disais précédemment, mais aussi la photographie et les humoristes, avec une préférence pour Raymond Devos, véritable orfèvre des mots de la langue française. Il était un féru de trompette et appréciait le compositeur et chef d’orchestre allemand James Last. Auditeur assidu de France Bleu Picardie, il était aussi un lecteur fidèle du magazine Le Point, qu’il dévorait chaque semaine.

Chaque été, et ce depuis plus de 20 ans, il aimait à se ressourcer avec Lucette au Grau-du-Roi, dans le département du Gard, plus précisément dans le quartier de Port-Camargue, où ils avaient noués de solides amitiés. Toujours avec Lucette, qui a quand elle réalisé sa carrière dans l’administration du conseil départemental, il aimait prendre part aux voyages organisés pour les agents de l’assemblée samarienne. Il nous racontait ainsi souvent ses souvenirs de voyages au Canada, en Birmanie, en Inde ou en Afrique du Sud. Malheureusement, il ne verra pas le Laos et le Cambodge, destinations initialement programmées en cette année 2024.

Homme de cœur, c’est son cœur qui, ironie du sort, lui fît défaut le 26 février dernier.

Aujourd'hui, alors que nous honorons la mémoire de Patrick, nous nous souvenons de lui comme d'un homme de paix, de tolérance et de passion. Son engagement pour sa ville restera un exemple pour nous toutes et tous, nous rappelant la valeur du dialogue, du respect mutuel et de la recherche de solutions équilibrées aux défis de notre époque.

Aujourd’hui, ce qui me semble important, c’est le message qu’il nous laisse mais aussi notre capacité, à nous tous qui l’entourons, à aider son épouse et ses proches durement éprouvés, à retrouver le réconfort.

Pour le message, nous ressentons bien que l’essentiel ne se situe pas dans les honneurs affichés et célébrés par notre monde moderne.

Non, au bout du chemin, ce qui reste véritablement est admirablement résumé dans cette courte citation : « On n’emmène avec soi que ce que l’on aura su donner ».

Ce que tu as donné, cher Patrick, jusqu’à ce vendredi 1^er mars 2024 où tu nous as quittés, chacun d’entre nous qui t’avons côtoyé, nous le portons en nous et chacun ici pourrait en témoigner à ma place !

Aujourd’hui, nous sommes réunis pour rendre hommage à un homme qui a servi notre République, dans des mandats municipaux et communautaires,  un homme qui s’est investi avec passion dans toutes ces fonctions. Un homme de rassemblement car il savait, au plus profond de lui-même, que celui qui ne rassemble pas favorise le poison de la dispersion et de la division.

A Lucette, son épouse, à ses proches, j’adresse ce matin toute ma sympathie et leur dis ma tristesse de perdre un ancien élu  qui fut si digne de sa tâche.

Je m’incline avec respect devant la mémoire de Patrick, un homme profondément attaché aux siens, aux Amiénoises et aux Amiénois, attaché à vous toutes et tous, mesdames et messieurs les élus, à vous ses anciens compagnons de route, à vous ses amis.

Puisse ce modèle d’engagement nous inspirer et guider notre action dans les fonctions qui sont les nôtres, au service de l’intérêt général et de nos concitoyens.

 

Cher Patrick, au-Revoir et Merci !