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jeudi, 25 février 2010

Les nouveaux membres du Conseil constitutionnel

charasse.jpgSi Nicolas Sarkozy s'est résolu à nommer Michel Charasse (photo ci-contre) au Conseil constitutionnel, c'est en raison du refus de Gérard Larcher de le désigner.
Dans l'entourage du président du Sénat, on n'y va pas par quatre chemins : « La majorité de la Haute assemblée n'aurait pas accepté qu'il n'y ait pas un sénateur de la majorité. Le chef de l'État a compris qu'on ne pouvait pas passer comme cela au-dessus du Sénat. »
De fait, Gérard Larcher a choisi son collègue haut-rhinois Hubert Haenel, qui ne siège pas seulement au Palais du Luxembourg depuis 1986 mais est un élu qui a joué un rôle déterminant comme faiseur de président.
Cet ancien major de l'École nationale de la magistrature, qui a également roulé sa bosse au Conseil d'État, a bien manœuvré pour que Christian Poncelet remplace René Monory au Plateau et a été une pièce maîtresse de l'élection de Larcher.
Le président de la commission des Affaires européennes, qui est aussi vice-président du cercle des constitutionnalistes et membre de la Cour de justice de la République, libère en rejoignant la rue Montpensier quelques postes recherchés.
Qui plus est, ce fin juriste est rompu au travail législatif et dispose de la rigueur intellectuelle pour accomplir la mission qui lui est confiée.
Comme le président de la République se refusait à voir un Conseil constitutionnel unicolore et qu'il avait envie de faire mentir un Pierre Joxe prompt à annoncer une institution exclusivement à droite, il n'a pas eu d'autre possibilité que de sauver la tête de Michel Charasse, envers lequel il s'était engagé.
Cela lui a interdit une nomination féminine comme celle de l'ancienne garde des Sceaux socialiste Élisabeth Guigou ou celle de la technicienne Marie-Laure Denis.
Le chef de l'État n'est, au final, pas mécontent. En nommant le constitutionnaliste de François Mitterrand, dont la liberté de ton n'est plus à faire, il est assuré de la sorte que le président très chiraquien du Conseil, Jean-Louis Debré, aura la partie moins facile.
Côté Assemblée nationale, il est patent que Bernard Accoyer, encouragé par des membres de la majorité, a voulu faire un geste en direction des centristes, dont Jacques Barrot, qui fut benjamin de l'Assemblée en 1967, a été une figure majeure sous la Ve République.
S'il a rejoint l'UMP, dont il a présidé le groupe au Palais Bourbon, avant de devenir vice-président de la Commission européenne à Bruxelles, ce juriste, qui a exercé presque tous les mandats possibles, a une expérience remarquable du droit et des choses de l'État. Alors que le Conseil doit protéger les droits fondamentaux et veiller sur la Constitution, il présente les aptitudes requises.
Avec Haenel et Barrot, deux Européens et catholiques convaincus, et Charasse, un laïc canal historique, voici le Conseil constitutionnel au complet. Ce qui n'empêche pas ceux qui, à droite, ne décolèrent pas de la part trop belle faite à la gauche mardi et hier, de jouer aux fléchettes contre Nicolas Sarkozy.

 

(Source : L'analyse d'Hervé Chabaud, dans L'Union).

11:54 Publié dans France | Lien permanent | Commentaires (0)

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