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vendredi, 11 décembre 2009

Entrée en fonctions de Catherine Ashton

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La nouvelle Madame Europe de la diplomatie a passé son premier grand oral public, mercredi 2 décembre, devant le Parlement de Bruxelles, dès le lendemain de sa prise de fonction officielle. La baronne Catherine Ashton of Upholland, Britannique et travailliste, fraîchement élue haute représentante pour les affaires étrangères (et la politique de sécurité) par les vingt-sept dirigeants de l'Union européenne (UE), a participé à un "échange de vues" avec des eurodéputés de la commission des affaires étrangères. Une présentation informelle en attendant, en janvier, son audition officielle en tant que commissaire et vice-présidente de la Commission européenne.

Ceux qui se sont étonnés du choix de Lady Ashton,  inconnue hors du microcosme politique à Londres et à Bruxelles et dépourvue d'une expérience diplomatique notable, peuvent commencer à ravaler leur chapeau. En matière de rhétorique, la baronne a montré sa maîtrise parfaite des codes de la diplomatie : l'art des phrases rondes qui n'annoncent rien et ne fâchent personne. Le cadre, il faut dire, ne prêtait guère à autre chose : la haute représentante disposait presque chaque fois d'une minute trente pour répondre au bombardement de questions en désordre des eurodéputés. Et ceux-ci s'intéressaient autant aux relations commerciales avec le Sri Lanka qu'aux grandes questions du type : "Le respect des droits de l'homme est-il un préalable indispensable à toute négociation ?"

Lady Ashton s'est tirée de cet exercice impossible avec habileté, justifiant l'absence de toute vision ou d'initiative par la nouveauté de sa fonction. Elle a prôné une "diplomatie tranquille", "en coulisses", où "il faut parler mais aussi écouter". Sans trop d'audace, elle a dit que l'Europe devait aider à stabiliser l'Afghanistan, penser à imposer de nouvelles sanctions à l'Iran pour son programme nucléaire, promouvoir la relation transatlantique, "respecter les avis des Etats membres mais se rassembler au sein de l'Union". Elle ne s'est pas prononcée sur l'adhésion de la Turquie à l'UE.

A un député qui s'étonnait qu'elle ait été nommée à ce poste sans avoir été ministre des affaires étrangères, elle a répondu qu'elle avait "les qualités requises", au vu de son expérience dans les ministères, à la Chambre des lords et comme commissaire au commerce. "Je pense que je suis très intelligente", a-t-elle ajouté sans sourciller.

Trait d'humour

Son premier grand chantier sera la mise en place du service d'action extérieure. Le traité de Lisbonne ne dit pas s'il doit être rattaché à la Commission ou au Conseil et l'ambiguïté est déjà source de conflit entre les institutions. Lady Ashton s'est contentée de dire qu'elle conserverait son bureau dans le bâtiment de la Commission. Et a osé ce trait d'humour, sans grand succès : "Parce que là, je sais où se trouve le café."

La baronne a dû répondre de son passé de trésorière de Campagne pour le désarmement nucléaire (CND), une organisation britannique accusée d'avoir été soutenue par le bloc soviétique au début des années 1980. Elle a rappelé que "l'argent était récolté dans des seaux pendant les manifestations" et elle a assuré n'avoir "pas perçu directement de fonds de quelque pays communiste que ce soit". Qu'elle soit britannique, issue d'un pays réticent à toute idée de diplomatie européenne supranationale et dégagé de la charte des droits fondamentaux a aussi suscité des questions. "Je ne serai pas une extension du gouvernement britannique. Je prendrai un point de vue européen", a-t-elle promis.

(Source : Marion Van Renterghem, Le Monde).

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