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mercredi, 23 janvier 2013

Voeux d'Hervé Morin, Président du Nouveau Centre, à la presse

13e4dfe0ba_HMorin2012ok-133.jpgMesdames et messieurs, chers amis

 

Cette année, je ne vais pas dresser la liste de mes vœux plutôt celle de mes envies, vous savez comme la petite mercière du bouquin de Delacour, « la liste de mes envies » qui a fait un tabac en 2012. Je n’ai pas gagné à l’euromillion comme l’héroïne du livre mais ça ne m’empêche pas de faire moi aussi ma petite liste d’envies. Vous verrez elle n’est pas bien longue. J‘en ai recensé cinq c’est tout. 

 

Ma première envie :

Une année utile pour notre formation politique. Le Nouveau Centre, la force au cœur de l’UDI. Nous devons être des bâtisseurs de l’UDI sans perdre notre identité. Que l’UDI réussisse son pari de faire revivre le centrisme dans notre paysage politique, ce doit être notre obsession de tous les jours.

C’est un bel espoir qui s’est créé depuis quelques mois. Pour les militants, pour les élus, pour les millions de français qui partagent avec nous cette sensibilité centriste. Tous, ils attendaient que les responsables des différentes chapelles enterrent la hache de guerre et retrouvent le chemin de la maison commune. Alors maintenant, nous cadres du nouveau Centre et de l’UDI, il ne faut pas tromper cette espérance. Nous devons cultiver cette unité en multipliant les initiatives communes sur le terrain. Nous devons continuer tous de ramer dans la même direction. 

Je suis en revanche de plus en plus convaincu que l’UDI doit être une fédération ; l’unité et la cohésion de l’UDI c’est d’abord la volonté d’être ensemble – la fusion n’empêchera pas la division ou l’éclatement – on a payé pour le savoir. La fédération c’est une richesse et un atout politique.

L’UDI existe dans le paysage politique, elle a même pris racine rapidement et on le doit à Jean-Louis Borloo. Il faut désormais l’organiser. Il est temps de mettre en place les structures prévues dans les statuts ; créer les conditions d’une décision collégiale. Cela manque et il faut y mettre fin rapidement. Sortir de la discussion bilatérale pour venir vers la délibération collective de nos instances nationales. Cela me semble beaucoup plus important que la discussion avec tel ou tel dont on ne voit pas bien quelle valeur ajoutée cela apporte à l’UDI.

 

Ma deuxième envie, elle n’est pas originale mais elle est essentielle et c’est d’ailleurs la même que celle que François Hollande a exprimée lors de ses vœux, c’est l’envie que 2013 soit l’année où le chômage arrêtera sa progression dans notre pays. Nous avons cette envie commune avec le Président de la République mais malheureusement nous avons des opinions radicalement opposées sur la manière d’y parvenir.

Son clavier n’est pas le bon.

Lui pour faire reculer le chômage, il appuie sur les boutons « emploi public et impôts »  moi j’appuie sur les boutons « liberté et entrepreneur ». Si 2012 a été l’année des « pigeons », j’ai bien peur que 2013 soit celle des « pigeons voyageurs », c'est-à-dire l’année d’une accélération de l’exil fiscal et des délocalisations. Un Depardieu qui s’exile c’est consternant pour notre image mais ce n’est grave pour l’emploi.

En revanche, l’exil fiscal des jeunes sortant des meilleures écoles et qui créent leurs entreprises, c’est grave pour notre pays et pour l’emploi. Comment entreprendre en France quand on est sans arrêt entre confiscation et nationalisation. Je suis petit, on me fait marcher avec des semelles de plomb, on m’accable de charges et de réglementations. Je suis gros, on me menace et on me désigne à la vindicte populaire. En fait le gouvernement de Monsieur Hollande n’est pas responsable de la crise mais il sera responsable de la récession qui, je le crains, risque de frapper la France à cause de sa politique de gribouille.

 

Ma troisième envie, c’est que 2013 soit une année volonté, une année où la France s’invente un destin et pas une année de fatalité et de renoncement de plus. Je voudrais que 2013 soit une année de progrès dans l’adaptation de notre pays à la mondialisation et donc une année de pédagogie et de dialogue car le déclin vient de ce qu’on ne comprend pas. Je voudrais que les Français arrivent vraiment à intégrer plusieurs choses : 

  • -la première, c’est qu’il n’y aura pas de retour en arrière et que le monde n’est définitivement plus celui qu’ils ont connu. 
  • -c’est que la Chine et l’Inde ne rebasculeront pas dans le sous-développement.  
  • -Les technologies et la matière grise porteront plus que jamais la croissance et dicteront l’implantation des emplois d’où l’aspect essentiel de nos orientations en matière d’enseignement supérieur et de recherche. 
  • -La question énergétique mais également celle des minerais deviendra de plus en plus cruciale et stratégique autant d’un point de vue géopolitique qu’économique. Le réchauffement climatique aussi.
  • -La France n’aura pas la moindre chance d’exister dans cette globalisation si elle ne confond pas son avenir avec celui d’une Europe fédérale. 

 

Nous ne vivons pas seulement une crise, mais un changement de monde et nous sommes dans une phase de transition majeure. Jeremy Rifkin et Michel Serre le décrivent chacun à leur façon

 

Mon vœu c’est d’inscrire le Nouveau Centre et notre expression politique dans ce monde nouveau. Nous voulons une société décentralisée, de la subsidiarité car le monde exige, réclame autonomie, participation, décisions en réseau. L’échec annoncé de la réforme des rythmes scolaires est à ce sujet exemplaire.

Tout le monde est pour l’allègement de la journée de l’élève.

Tout le monde est pour la semaine de 4 jours et ½.

Tout le monde est pour l’éducation artistique, sportive, l’éveil.

Et pourtant cette réforme va échouer.

Pourquoi ? Parce qu’elle est arrivée d’en haut peut-être avec une concertation, mais une concertation d’en haut. La construction d’un modèle où l’on donne l’autonomie à chaque établissement scolaire de construire son propre projet pédagogique à partir d’orientations nationales, en fonction des enfants scolarisés, du potentiel de chaque commune, de ses équipements, de ses structures périscolaires, voilà ce que nous devons défendre ; Plaquer dans des établissements si différents et des communes si différentes, une réforme où d’ores et déjà on vous explique qu’il n’y aura pas de dérogation c’est à coup sûr échoué... Surtout quand on ne veut pas toucher à l’année scolaire. Nous devons être ceux qui portent au sein de l’UDI un nouveau paradigme politique, celui d’une nouvelle démocratie ou tout ne procède pas d’en haut.

 

Un mot enfin sur le Mali, car vous me reprocheriez de ne pas le faire.

Je suis inquiet de l’évolution sémantique du gouvernement et du chef de l’Etat.

Pourquoi sommes-nous au Mali ? Nous y sommes pour :

  • -Empêcher les djihadistes de conquérir un Etat faible qui mettrait un Etat terroriste aux portes de l’Europe.
  • -Protéger un peuple envahi par des fanatiques.
  • -Favoriser l’engagement des pays africains à lutter contre le terrorisme à l’échelle de la sous-région. 
  • -Permettre au Mali de reconstruire un Etat effondré en recouvrant de la stabilité.

 

Je m’inquiète d’un discours dans lequel on évoque désormais la reconquête complète du territoire malien par les seules armées françaises – territoire plus grand que la France - et d’un discours aux tonalités afghanes ou bushistes -  d’éradication du terrorisme - Jean-Yves Le Drian - de destruction du terrorisme – François Hollande.

C’était le même discours en Afghanistan – on voit où cela nous a mené.

La France doit dorénavant fixer des objectifs clairs et s’y tenir. Notre intervention militaire c’est pour moi l’émergence d’une force africaine soutenue par les grandes puissances afin de permettre au Mali de recouvrer sa souveraineté et lui donner les moyens de reconstruire son Etat. Mais ne nous trompons pas, si nous considérons qu’il appartient à l’armée française et ses 3000 hommes de reconquérir tout le nord du pays ou d’éradiquer le terrorisme, dont la mobilité et la fluidité se jouent des frontières, et qui, chassé momentanément, reviendra par la fenêtre, nous échouerons.

 

Ce présent fait peur. Le futur fait peur aussi j’en suis bien conscient et pas seulement en France. C’est comme cela qu’il faut lire tous les replis identitaires auxquels nous assistons. Le besoin identitaire, je le comprends. Le repli identitaire, je le combattrai toujours en revanche tellement il est synonyme de haine, de régression. Je voudrais, et je suis sûr que c’est possible, que peu à peu les Français regardent le monde avec plus de confiance et moins d’angoisse. « Les peuples heureux n’ont pas d’histoire », dit le philosophe. La France a une histoire, c’est sa grandeur mais aussi sa servitude, et c’est sans doute pour cela qu’elle est malheureuse et qu’elle doute à chaque instant. 

 

C’est pourquoi je ne demande pas aux Français d’être heureux collectivement mais simplement d’avoir confiance. Dans leur capacité à eux et aussi dans la capacité de leur pays. Qu’ils ressentent de la fierté pas seulement quelques jours par an à l’occasion de récompenses culturelles ou sportives mais toute l’année et sur tous les sujets : la recherche, la culture, l’entreprise, l’écologie. Nous devons et nous pouvons sortir de l’impuissance, sortir du fatalisme, sortir du scepticisme. Nous avons des phares mais nous ne les voyons pas et dés lors nous refusons de partir vers le large. Nous avions le mot de passe mais nous l’avons oublié. Il est vrai que la nouvelle majorité n’y aide pas. Je regrette que sa politique soit diversion au lieu d’être vérité. On additionne les sujets marquants - le cumul des mandats, le mariage pour tous – pour esquiver les débats utiles et vraiment importants.

 

Voilà pas de vœux cette année tant je redoute comme d’autres vœux politiques qu’ils ne soient en définitive que des vœux pieux. Juste des envies parce que les envies elles font avancer et progresser. Des envies de repères pour une société désorientée. Des envies d’action pour une société exténuée. Des envies d’unité aussi pour une France que j’aimerais un peu moins plurielle et beaucoup plus unie. De ce point de vue là je trouve qu’il y a une continuité malheureuse entre l’ancien et le nouveau président c’est ce besoin permanent de dresser les français les uns contre les autres et bien souvent pour des raisons de communication. Cliver, segmenter, marquer, juste pour se faire entendre, les présidents changent, les mauvaises habitudes restent. Et avec je crois une grande responsabilité dans la crise d’espérance généralisée que nous traversons. 

 

Bonne année à toutes et tous. 

Seul le prononcé fait foi

 

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