Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 16 juillet 2012

Interview d'Hervé Morin dans "Le Parisien/Aujourd'hui en France" du 14 juillet

NC.jpgCraignez-vous de nouvelles coupes dans le budget de la Défense ?
HERVÉ MORIN. Les socialistes font traditionnellement du budget de la Défense une variable d’ajustement, même en période de croissance, comme entre 1997 et 2002, car ils ont d’autres priorités. Les armées doivent savoir que François Hollande leur a raconté des histoires pendant toute la campagne électorale en leur disant que rien ne changerait.Un pays sans le sou est un pays dont l’indépendance est rognée dans ses fondements mêmes. Et la Défense en est un parfait exemple. François Hollande doit avoir le courage de reconnaître deux choses : 1. Le format des armées conçu dans le livre blanc de 2008 ne sera pas atteint en 2020, car il manque 30 Mds€ compte tenu de la crise. La France sera obligée de réduire la voilure, à l’image des Britanniques, qui viennent de le faire. 2. Il faudra procéder à une nouvelle réduction de format, en dépit de la « révolution » que j’ai engagée —très dure pour les personnels — et dont les effets ne suffiront pas à absorber les baisses de crédits. Il faudra très certainement réduire les formats de l’armée de l’air et de l’armée de terre.

Notre force de frappe vous semble-t-elle également menacée ?
Compte tenu du contexte et du poids du nucléaire dans le budget, je ne vois pas comment François Hollande pourrait continuer à maintenir les deux composantes (NDLR : océanique et aéroportée) de notre force de frappe, à moins de rendre totalement exsangues nos moyens conventionnels, dont nous avons besoin tous les jours dans les crises qui secouent le monde.

Quelles solutions préconisez-vous ?

La seule voie possible pour faire des économies, c’est le regroupement industriel européen, pour éviter les duplications de programmes qui coûtent cher à des Etats exsangues, et l’acceptation de l’interdépendance au sein de l’Europe.

La réforme que vous avez lancée en 2009 donne « une impression de désorganisation généralisée » de la Défense, souligne un rapport du Sénat. Que répondez-vous ?
Fallait-il rester dans l’immobilisme avec des structures administratives redondantes et disproportionnées et réduire chaque année un peu plus des crédits d’équipement grevés par les frais de fonctionnement? Quand je suis arrivé au ministère de la Défense en 2007, il aurait fallu augmenter notre budget de 5 Mds€ dès 2009 pour tenir le rythme. J’ai eu le courage de proposer au président Sarkozy une grande réforme nécessaire, qu’on ne pouvait plus repousser. Le rapport du Sénat en souligne les nombreux effets positifs : économies d’échelle, professionnalisation des fonctions administratives, simplification et harmonisation des procédures.

 

(Source : Le Parisien/Aujourd'hui en France).

Les commentaires sont fermés.