vendredi, 27 avril 2012
Vendredi Europe Express : Des milliers de Norvégiens entonnent une chanson contre le tueur Anders Breivik à Oslo
Légende photo : En vacances ce jour-là mais ayant regagné son bureau pour imprimer des documents, Harald Foesker, un employé du ministère de la Justice de 67 ans, a quant à lui raconté que son "visage s'était détaché de la tête" sous l'effet de l'explosion.
Roses ou parapluie à la main, des milliers de Norvégiens ont interprété jeudi à Oslo une chanson pour enfants haïe par Anders Behring Breivik, un signe de défiance envers le tueur qui a écouté le même jour, imperturbable, les témoignages poignants des survivants de sa bombe.
Malgré la pluie, environ 40.000 personnes, selon la police, ont entonné "Enfants de l'arc-en-ciel" de Lillebjoern Nilsen à quelques centaines de mètres seulement du tribunal où se tient le procès de l'extrémiste de droite, jugé pour le massacre de 77 personnes l'an dernier.
Devant la Cour, Breivik avait affirmé vendredi que le chanteur était "un très bon exemple de marxiste" ayant infiltré les milieux culturels et que son morceau était un texte-type servant au "lavage de cerveau des écoliers norvégiens".
De la personne âgée en fauteuil roulant aux enfants des écoles, des milliers d'anonymes mais aussi les ministres nordiques de la Culture lui ont infligé un cinglant désaveu, en reprenant en choeur les paroles de la chanson sous la conduite de l'artiste lui-même.
"La chanson n'a jamais été aussi belle", a déclaré à l'AFP, Lill Hjoennevaag, une des instigatrices de la campagne lancée sur Facebook.
"La mobilisation a été bien au-delà de mes attentes", a ajouté Mme Hjoennevaag, alors qu'un peu plus de 5.000 personnes avaient annoncé leur participation sur le réseau social.
Des rassemblements similaires ont eu lieu dans d'autres ville de Norvège.
Le 22 juillet 2011, Breivik avait tué 69 personnes en ouvrant le feu sur des centaines de jeunes travaillistes réunis pour un camp d'été sur l'île d'Utoeya, juste après avoir fait exploser une bombe dans le quartier des ministères à Oslo, faisant huit autres victimes.
S'il reconnaît les faits, l'extrémiste de 33 ans refuse de se déclarer coupable au sens pénal, qualifiant son geste d'"attaques préventives contre les traîtres à la patrie" coupables à ses yeux de livrer la Norvège au multiculturalisme et à "l'invasion musulmane".
"C'est nous qui gagnons", a lancé jeudi Lillebjoern Nilsen, tout de noir vêtu, en s'adressant à la foule multicolore.
A peu près au même moment, Breivik écoutait, sans émotion apparente, les témoignages très forts de personnes ayant survécu à l'attentat dans le quartier des ministères.
Jeune femme pétillante de 24 ans, Anne Helene Lund a raconté comment on l'avait retrouvée, projetée en dehors de la tour abritant les bureaux du Premier ministre et où elle travaillait alors comme réceptionniste pour l'été.
Très grièvement blessée, la jeune femme a expliqué avoir subi d'importantes pertes de mémoire: de ses trois années d'études politiques, elle ne se rappelle quasiment plus rien et elle doit aujourd'hui suivre des cours de niveau collège.
Lui aussi appelé à la barre, son père, Jan Henrik Lund, médecin de profession, a détaillé les atroces blessures subies par sa fille, passée seulement "à quelques millimètres de la mort" et surnommée "la miraculée" par les secouristes.
"C'était comme vivre le meilleur et le pire simultanément", a témoigné M. Lund, en évoquant le moment où il a retrouvé Anne Helene, gisant dans le coma, dans la soirée du 22 juillet.
"C'était fantastique de la retrouver en vie mais effroyable de la voir blessée à ce point", a-t-il ajouté.
A plusieurs reprises pendant son témoignage, il a dû ravaler des larmes. La procureur Inga Bejer Engh et des membres du public aussi. Mais pas Breivik qui regardait droit devant lui.
En vacances ce jour-là mais ayant regagné son bureau pour imprimer des documents, Harald Foesker, un employé du ministère de la Justice de 67 ans, a quant à lui raconté que son "visage s'était détaché de la tête" sous l'effet de l'explosion.
Après d'importantes interventions chirurgicales, il a repris partiellement le travail. "C'est à moi de décider quand je veux arrêter de travailler. A personne d'autre", a-t-il dit, tournant son regard, l'acuité de sa vue étant réduite de plus de 80%, vers l'accusé.
(Source : Le Point).
A noter : Pas de rubrique Vendredi Europe Express la semaine prochaine.
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