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mercredi, 18 janvier 2012

Martin Schulz , nouveau Président du Parlement européen

L'ancien libraire, qui s'était fait connaître lors d'une altercation avec Silvio Berlusconi, est plus complexe qu'il n'y paraît. Portrait.

"Avec ce nouveau poste, Martin devra la fermer tout le temps. Mais je le connais, il ne se taira pas. Ainsi s'exprimait lundi Hannes Swoboda, député autrichien qui succédait à l'Allemand Martin Schulz à la tête du groupe socialiste au Parlement européen. Avec 387 voix sur 670, Martin Schulz est en effet devenu président de la seule institution européenne directement élue au suffrage universel. Lors de sa première conférence de presse, un journaliste lui a demandé s'il envisageait de se maîtriser dans sa nouvelle fonction. Réponse de l'intéressé : "Il faut parler sans ambages pour que les gens nous comprennent. S'il faut aller à la bagarre, j'irai, mais dans la dignité."

Bizarrement, c'est à l'un de ses adversaires politiques, Silvio Berlusconi, que Martin Schulz doit son entrée sur la scène européenne. Entrée fracassante, car en 2003 le Cavaliere le traite de "kapo" - un gardien de camp nazi -, provoquant une crise diplomatique entre Rome et Berlin : l'ancien libraire arrivé au Parlement neuf ans plus tôt sort de l'anonymat. Un an après, ce francophone très critique sur le couple franco-allemand devient président du deuxième groupe du Parlement. Certains lui reprochent d'avoir usé de cet incident pour amorcer son ascension vers le perchoir de l'hémicycle. "Je n'ai pas demandé à Berlusconi de m'humilier", remarque aujourd'hui Martin Schulz, visiblement pincé.

Répliques cinglantes

Le nouveau président du Parlement devra dompter son caractère plutôt soupe au lait, voire un tantinet agressif avec ses troupes, comme en témoigne ce jugement cinglant sur les socialistes français, qui siègent pourtant dans son groupe : "Ils sont comme des pigeons. En bas, ils vous mangent dans la main. En haut, ils vous chient à la gueule."

Ce franc-parler lui sera autant indispensable qu'une bonne dose de volonté et de diplomatie pour défendre son Parlement à qui les traités donnent de plus en plus de pouvoir, mais que les dirigeants européens tentent de cornériser pour régler, à leur façon et rien qu'entre eux, la crise de la dette et la réforme de la gouvernance de la zone euro. Inacceptable, estime Martin Schulz : "Les décisions qui nous concernent tous sont prises par les dirigeants à huis clos. C'est pour moi un retour vers un état de la politique européenne qu'on pensait surmonté depuis longtemps. Cela nous rappelle le temps du Congrès de Vienne, où les intérêts nationaux primaient, et cela en dehors du contrôle démocratique", a-t-il lancé lors de son premier discours.

"La tête de Lénine"

Les chefs des différents groupes politiques lui ont adressé leurs félicitations en l'encourageant dans cette voie. "Vous venez de faire part de votre détermination à défendre avec force l'intérêt général européen face à la diversité des intérêts nationaux. Mon groupe ne peut que vous soutenir pleinement dans cette action", a déclaré le président français du groupe conservateur Joseph Daul.

Mais tous ne partagent pas cet enthousiasme. L'extrême droite et les eurosceptiques le détestent. "M. Schulz a la tête de Lénine et parle comme Hitler", a ainsi raillé le leader du Front national Jean-Marie Le Pen, furieux qu'il soit parvenu à l'empêcher de présider la séance inaugurale de juillet 2009 en tant que doyen d'âge.

D'autres sont attentistes, comme le Vert Dany Cohn-Bendit, qui lui reproche de parler fort, mais de toujours finir par plier devant les chefs d'État et de gouvernement. Qu'importe ! Martin Schulz a deux ans devant lui pour muscler son Assemblée qui rêve de se retrouver au centre de la vie politique européenne. S'il y arrive, et si la gauche revient en Europe, certains lui prédisent un autre job : président de la Commission européenne.

 

(Source : Alain Franco - Le Point. Source vidéo : Euronews).

09:25 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (0)

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