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vendredi, 26 novembre 2010

Article de Vincent Bour, Jeune Centriste, dans le magazine eurocitoyen "Le Taurillon"

Un accord de défense sans précédent

auton1003-988c7.jpgC’est un grand pas en avant que vient d’effectuer l’Europe par l’intermédiaire de la France et du Royaume-Uni. Un accord militaire a été signé en effet le 2 novembre dernier entre les deux pays, fixant ainsi une base militaire en Europe alors que le débat sur un organisme de défense commune était relancé depuis plusieurs années. La brigade franco-allemande, créée en novembre 1987, avait déjà dressé l’espoir d’une Europe de la défense, mais elle s’était soldée par un simple partenariat militaire entre la France et l’Allemagne.

C’est ce qui diffère dans le nouvel accord franco-britannique. Cet accord est plus qu’un simple partenariat : une véritable collaboration dans le domaine de la construction militaire ainsi que dans le domaine d’opérations extérieures. Dès 2011, environ 5000 hommes issus des forces françaises et britanniques s’entraîneront conjointement. Par ailleurs, le traité vise à regrouper les industries d’armement, et à limiter les coûts de recherche et de développement, plus particulièrement dans le domaine nucléaire.

Une Europe de la défense projetée il y a 60 ans déjà

Il y a 58 ans déjà, la Communauté européenne de défense (CED) proposait la création d’une véritable armée européenne, en vain. Le projet fut signé par les six États membres, France, Allemagne de l’Ouest, Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg, mais fut avorté suite au refus de ratification française, par la voie majoritairement contre de l’Assemblée nationale. Les inutiles crispations françaises face au réarmement allemand – celui-ci aura lieu de toute façon, mais dans le cadre de l’OTAN – mirent brutalement fin à un projet qui eut imprimé sa marque sur l’identité européenne.

Aujourd’hui, grâce au traité franco-britannique, c’est toute la machine militaire européenne qui est relancée, forte en matière de défense. L’Angleterre et la France sont en effet les seuls pays européens possédant l’arme nucléaire. Toutefois, le traité n’est qu’une nouvelle base à la construction européenne, qui ne doit pas rester en jachère. Et malgré l’effort des deux ministres de la défense, on peut mettre en cause l’absence d’autres forces européennes telles l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, qui possèdent de nombreux contingents autour du globe. Il est en effet difficile de créer une Europe de la défense à deux, d’autant plus si l’on considère les liens fraternels unissant aujourd’hui la France à son voisin d’outre-Rhin. On ne peut que se désoler de ne pas voir le traité renforcé par l’implication de l’état-major allemand.

Un accord hanté par un passé chaotique

arton3788-9fcda.jpgCet accord n’est pas sans suites économiques. Le montant de cette coopération n’est toujours pas évalué, et ne le sera probablement pas, puisque la France et surtout l’Angleterre ont lancé des plans drastiques de restriction des finances en matière de défense. Mais à quelle hauteur ? Les priorités de l’un peuvent être le dernier des soucis de l’autre. Le danger serait que l’une des deux nations veuille mettre fin à l’accord, sous prétexte d’une implication humaine trop fragile ou d’un engagement financier trop faible de la part du partenaire. L’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie en ont déjà fait les frais dans le cadre du projet de l’Eurofighter. Ce projet portant sur un avion de chasse commun prévu pour le début des années 1990 a été renégocié de trop nombreuses fois, retardant considérablement son arrivée, et lui faisant manquer son but. De nombreuses constructions ont du être abandonnées, et le nombre initial de commandes s’est trouvé en net recul. C’est très précisément contre ce type de dangers que la France et l’Angleterre doivent se réunir pour prévenir un échec.

Enfin, l’Angleterre est plus réputée pour fustiger l’UE que pour en apprécier les réalisations. Sa participation initiale dans un projet bilatéral d’une telle ampleur pourrait cantonner celui-ci à deux pays, ou au contraire lever un obstacle de poids dans la construction de l’Europe de la défense. Toute proportion gardée, on peut donc se féliciter de ce partenariat et en attendre les fruits. The die is cast.

 

(Source :  Le Taurillon).

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