mercredi, 24 novembre 2010
Auschwitz : un lieu indicible...
L'association de mes amis avait décidé de se rendre à Auschwitz. En ce jeudi 11 novembre, nous étions donc en ces lieux de mémoire.
On sait bien, grâce aux documentaires, aux livres, aux photos, ce qui s'est passé là-bas mais on le sait comme si cette connaissance venait de l'extérieur. Quand on est sur place, on le ressent de l'intérieur et on est saisi par une indicible émotion. Ici, les briques des bâtiments et les cailloux des chemins parlent et disent l'horreur de la barbarie...
Seul le silence peut y répondre. Et tous les visiteurs gardent le silence.
Car que dire devant les tonnes de cheveux ou encore les milliers de paires de chaussures d'enfants exposés aujourd'hui dans les vitrines des bâtiments, à l'époque bien entendu non chauffés, où vivaient, ou plutôt tentaient de survivre des déportés qui travaillaient onze heures par jour, sans aucune hygiène, vêtus du même pyjama rayé par tous les temps?
Que dire face au mur des fusillés, que l'on humiliait jusqu'au bout, en exigeant d'eux qu'ils se déshabillent avant d'être exécutés?
Que dire devant le cachot sans air et sans lumière dans lequel est mort, par injection, le père Maximilien Kolbe, depuis canonisé par Jean-Paul II?
Ce sont des hommes qui agissaient ainsi
Que dire face au cachot dans lequel on mettait pour la nuit des prisonniers que l'on voulait punir, à quatre dans une cellule dans laquelle ils ne pouvaient tenir que debout, et qui devaient le lendemain retourner travailler?
Et pourtant, comme nous le disait notre guide, ce sont des hommes, non pas des monstres qui ont agi ainsi...
Après Auschwitz, nous nous sommes rendus à quelques kilomètres de là à Birkenau: nous sommes ainsi passés de l'extermination artisanale à l'extermination industrielle, avec toujours cette froide détermination et cette organisation rigoureuse niant l'humanité des déportés...
Nous avons vu les lieux où les Tziganes, parce qu'ils étaient Tziganes, étaient parqués, isolés des autres déportés... Ne serait-ce que pour cela, par respect pour tous ceux qui sont morts là, on n'a pas le droit de stigmatiser aujourd'hui telle ou telle population!
Les trop rares survivants de ces camps disent aujourd'hui avec beaucoup de grandeur d'âme qu'ils ont pardonné à leurs tortionnaires, mais qu'il ne faut pas oublier...
Après avoir visité ces lieux, comment oublier?
Aujourd'hui, alors que nous sommes en paix, c'est à l'échelle de l'Europe que ce devoir de mémoire doit être réalisé...
07:45 Publié dans En mémoire, Les Amis de Brigitte Fouré - NEA | Lien permanent | Commentaires (0)
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