Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 17 septembre 2010

Roms : la France au coeur d'une politique internationale

161838-85220-jpg_63122.jpg

 

Ils sont critiques envers la France :

-La présidence belge de l'Union européenne

"Tout le monde est d'accord pour dire que c'est la Commission qui doit veiller à la bonne application des engagements pris par la France" sur cette question sensible, a déclaré jeudi 16 septembre le Premier ministre belge, Yves Leterme. "La Commission doit prendre ses responsabilités", mais il faut aussi que les citoyens européens qui jouissent de la liberté de circulation "aient du respect pour (le droit de) propriété, pour les règles qui régissent la libre circulation".

 

- La Commission européenne

Le président de la Commission, José Manuel Barroso, a apporté son soutien à la commissaire Viviane Reding : "La position de la Commission est claire, la loi communautaire (de l'Union européenne, ndlr) doit être respectée, l'interdiction de la discrimination basée sur l'origine ethnique est l'une des valeurs fondamentales de l'UE et la Commission européenne fera tout ce qui est nécessaire pour garantir le respect de ces principes", a-t-il déclaré mercredi. "J'espère vraiment maintenant que nous pourrons avoir une pleine transparence sur le sujet", a-t-il ajouté, faisant allusion à la dissimulation par Paris d'une circulaire administrative ciblant spécifiquement les Roms pour les renvois.

Mais José Manuel Barroso a aussi pris ses distances avec le parallèle fait entre les expulsions de Roms et les déportations de la Seconde guerre mondiale: "L'une ou l'autre des expressions employées dans le feu de l'action pourrait avoir suscité un malentendu".

 

- L'Allemagne

Le droit de libre circulation au sein de l'Union européenne (UE) "est inconditionnel", et "aucune discrimination n'est autorisée à l'encontre de minorités ethniques", a souligné mercredi le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert. "Si la Commission européenne examine à présent si la France est en accord avec tout ceci, alors c'est son droit de le faire". Une représentante de la Commission "a par ailleurs parfaitement le droit de faire une déclaration, comme elle l'a fait hier [mardi, NDLR]. Bien sûr, de telles déclarations sont parfois plus utiles si elles sont mesurées au niveau du ton," a ajouté Steffen Seibert.

 

- Les Etats-Unis

"A l'évidence, les droits des Roms sont importants pour nous, et nous invitons la France et d'autres pays à (les) respecter", a déclaré mercredi un responsable du département d'Etat. Cette critique, qui reste sobre, n'en est pas moins exceptionnelle de la part des Etats-Unis envers un allié aussi proche que la France.

Plus explicite, une commission de parlementaires américains a qualifié les expulsions de "manœuvres politiques inopportunes". "Les minorités font partie intégrante de la société, et il y a un risque, quand ceux qui cherchent à diviser pour obtenir un avantage politique ont la possibilité de prendre les commandes", a déclaré le représentant Alcee L. Hastings, (démocrate), coprésident de la Commission pour la sécurité et la coopération en Europe.

 

- La Finlande

"L'Union européenne est un espace basé sur l'état de droit" et les droits de l'Homme, a déclaré le ministre finlandais des Affaires étrangères, Alexander Stubb. "Tout le monde doit être très raisonnable à ce sujet, la Commission est la gardienne des traités". "Mais je pense que de tous côtés on doit rester calme". "Ce qui s'est passé ces derniers jours est un peu inhabituel pour l'Europe".

 

- Le Luxembourg

Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a déclaré mercredi que Nicolas Sarkozy s'était montré "malveillant" en conseillant à Viviane Reding d'accueillir des Roms dans son pays, le Luxembourg. "Ce n'est pas Viviane Reding en tant que Luxembourgeoise qui a parlé. Elle est Luxembourgeoise d'origine, mais elle est commissaire et responsable pour le domaine de la Justice", a déclaré Jean Asselborn. "Elle ne parle pas pour le Luxembourg et n'a pas pris d'instruction au Luxembourg. Faire cet amalgame là de la part de Nicolas Sarkozy entre la nationalité de la commissaire et le Luxembourg est quelque chose de malveillant." "La circulaire sur les Roms, qui a été retirée, (reflète) une "mentalité dangereuse", a jugé le ministre luxembourgeois, "et on ne change pas une politique en changeant une circulaire". "On doit aussi changer la mentalité et l'approche d'ensemble du gouvernement français en ce qui concerne cette matière", a-t-il renchéri.

 

- L'Autriche

"Aucun groupe ethnique ne doit être l'objet de discriminations", a déclaré mardi le président autrichien Heinz Fischer. "Naturellement, les Roms ne doivent pas être l'objet de discriminations".

 

- L'ONU

La haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a estimé lundi que la politique française était "préoccupante". "Cela ne peut qu'exacerber la stigmatisation des Roms et l'extrême pauvreté dans laquelle ils vivent", a-t-elle estimé.

 

- Le Parlement européen

Dans une résolution adoptée le 8 septembre, le Parlement européen se déclare "vivement préoccupé par les mesures prises par les autorités françaises ainsi que par les autorités d'autres Etats membres à l'encontre des Roms et des gens du voyage prévoyant leur expulsion". Il demande à Paris et aux autres "de suspendre immédiatement toutes les expulsions de Roms". Même s'il s'en prend à "d'autres Etats", le texte du Parlement européen ne mentionne explicitement que la France.

 

Elle soutient la France :

 

- L'Italie

"Mme Reding aurait mieux fait de traiter le sujet en privé avec les dirigeants français avant de s'exprimer publiquement comme elle l'a fait", a déclaré Silvio Berlusconi dans une interview au Figaro de jeudi. "Ce problème des Roms n'est pas spécifiquement français. Il concerne tous les pays d'Europe. Il faut donc ajouter ce sujet à l'ordre du jour du Conseil européen pour que nous en parlions tous ensemble afin de trouver une position commune", a ajouté le président du Conseil.

La Ligue du Nord, le parti xénophobe membre du gouvernement italien, a elle aussi apporté son soutien à la France. "Combien de Roms accueille le Luxembourg?", a demandé le chef de la délégation de la Ligue du Nord au Parlement européen, Mario Borghezio. "C'est formidable cette commissaire européenne prompte à s'indigner contre la France qui, suivant le bon exemple de l'Italie, a décidé de mettre un peu d'ordre pour lutter contre la présence dérangeante des Roms dans les trop nombreux camps de nomades", s'est-il insurgé.

 

Ils sont mitigés : 

 

- La Roumanie

"Le gouvernement français agit en dehors des conditions d'un Etat européen", a déclaré le président roumain, Traian Basescu, le 8 septembre. "Je ne donne pas raison aux dirigeants français sur leur position", mais "en même temps, nous ne pouvons pas faire porter les responsabilités uniquement sur le gouvernement français. Il y a également une responsabilité majeure de notre part, car ce sont nos citoyens, mais la plus grande responsabilité est aussi celle des Roms."

"Seule une stratégie européenne permettra de répondre durablement aux problèmes et aux attentes légitimes de cette vaste communauté", a ajouté le ministre des Affaires étrangères roumain Teodor Baconschi, le 9 septembre. Et à l'issue d'une visite à Bucarest du ministre français de l'Immigration, Eric Besson, Teodor Baconschi a convenu de "mettre fin aux polémiques stériles" et de renforcer la coopération bilatérale.

 

- La Bulgarie

Le président Parvanov (socialiste) a reproché mercredi à la France le renvoi de Roms bulgares et roumains, une mesure, a-t-il dit, "en décalage avec les valeurs européennes". "S'il y a des gens qui ont violé la loi, cette information doit être rendue publique (...) mais il ne faut en aucun cas évoquer une culpabilité sur une base ethnique".

Mais le chef du gouvernement Boïko Borissov (droite) a affirmé n'avoir "aucun problème avec la France". "Nous sommes catégoriques quant au fait que chaque personne a des droits. Toutefois je ne veux pas que nous entrions dans ce débat parce que nous n'avons pas de problème. La France elle-même confirme n'avoir aucun problème avec la Bulgarie".-

 

 

(Source : Nouvelobs.com avec AFP. Illustration : Viviane Reding, Commissaire européenne).

 

Les commentaires sont fermés.