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vendredi, 02 juillet 2010

En Europe, des armées à la diète

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En France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne, en Italie et en Grèce, les coupes dans les dépenses militaires sont à l’ordre du jour, même si les détails ne devraient pas être connus avant l’automne. A terme, cette réduction programmée ne sera pas sans effet sur les relations entre les États-Unis et les pays européens et sur la capacité d’influence de l’Europe dans le monde.

Dans un discours prononcé le 23 février devant la National Defense University à Washington, le secrétaire américain à la défense Robert Gates affirmait que « la démilitarisation de l’Europe, où une grande partie de l’opinion et de la classe politique sont réfractaires aux forces armées et aux risques qui vont avec, est passée d’une bénédiction au XXe siècle à une entrave pour obtenir une sécurité réelle et une paix durable au XXIe siècle. ».

Suède : la fin du service militaire

Une page de l’histoire moderne de la Suède se tourne : le service militaire obligatoire, sur lequel ce pays longtemps neutre se reposait pour assurer sa défense, n’existe plus depuis mercredi 30 juin. Les 1 700 appelés (dont 9 % de femmes) qui étaient encore sous les drapeaux sont rentrés chez eux. Ils seront remplacés par des soldats professionnels que l’armée embauchera sur une base contractuelle.

Cette décision, votée par le Parlement en juin 2009, est le résultat d’un double constat tiré par le gouvernement de centre droit. D’une part, le concept de défense territoriale ne se justifie plus depuis la fin de l’URSS. Les besoins ont évolué. Le royaume participe désormais à des opérations militaires loin de ses frontières : en Afghanistan, sous l’égide de l’Otan (dont il n’est pas membre), au Kosovo et en Afrique sous la houlette de l’Union européenne, à laquelle il a adhéré en 1995.

D’autre part, « le pays, confronté à des choix budgétaires, ne pouvait plus se permettre de financer un dispositif de défense aussi ambitieux », note un expert. Des casernes et des bases navales ont été fermées, des projets d’équipement sacrifiés. Cette réforme est désormais complétée par la suppression de la conscription qui, il y a quarante ans, concernait plus de 50 000 jeunes. « Mieux vaut des forces armées amaigries mais plus à même de répondre aux exigences et aux missions actuelles », explique- t-on au ministère de la défense.

Une logique contestée. Le service militaire, introduit en 1901, « était une expression concrète du sens de solidarité et d’appartenance à une nation », estiment les signataires, dont deux anciens ministres de la défense, d’un plaidoyer publié dans le quotidien Svenska Dagbladet.

D’autres s’inquiètent du profil des 4 000 recrues prévues chaque année. Réalisées avec de gros moyens, des vidéos diffusées par l’état-major pour attirer les candidats mettent en scène des situations dramatiques (poursuite de pirates somaliens, alerte dans une base aérienne, feu de forêt nocturne). « Les jeunes dotés de compétences sociales, dont l’armée aurait besoin, risquent d’être effrayés », regrette le président du syndicat des officiers, Lars Fresker. L’opposition sociale-démocrate a promis de réintroduire un service national réformé, si elle remporte les législatives, très indécises, du 19 septembre.

Royaume-Uni : une réduction « très, très brutale »

43 000 soldats et civils sur 283 000 en moins d’ici à 2014 ? C’est l’estimation concernant l’armée britannique de Malcolm Chalmers, professeur au Royal United Services Institute (Rusi). Le Royaume-Uni vient d’annoncer un large plan de rigueur, dont le détail ne sera connu que le 20 octobre. Seule certitude : les budgets devront en moyenne être coupés de 25 % en valeur réelle sur quatre ans.

George Osborne, le chancelier de l’Échiquier, précise que la défense devrait être légèrement moins touchée, à cause des « pressions particulières » qui y règnent, référence à l’Afghanistan où sont postés 9 500 hommes. Malcolm Chalmers en conclut que le budget de la défense britannique devrait être réduit de 15 % en valeur réelle d’ici à 2014. Pour Liam Fox, le ministre de la défense, « nous devons être très très brutaux dans la réduction de nos coûts ».

Allemagne : la conscription en question

L’armée allemande doit faire des économies. Le plan de rigueur du gouvernement en prévoit 4 milliards d’euros jusqu’à 2014, mais selon un porte-parole du ministère de la défense, l’armée doit épargner en tout 8,3 milliards d’euros durant le même délai. Cela passe par la suppression de 40 000 des 250 000 postes dans l’armée.

Réduit à six mois au lieu de neuf à partir de l’an prochain, le service militaire est aussi mis en question. Le ministre de la défense, Karl-Theodor zu Guttenberg (CSU), a même proposé de le suspendre pour un certain temps, une proposition non retenue.

Par ailleurs, des projets d’armements seront soumis à la rigueur. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, la marine a réformé par avance six de ses dix sous-marins, qui auraient dû rester en service jusqu’à 2015. Les propositions concrètes seront présentées début septembre.

Grèce : baisse de salaire des militaires

La Grèce, qui vit dans la crainte permanente d’un conflit d’envergure avec la Turquie, a proportionnellement les dépenses militaires les plus élevées d’Europe : elle a prévu d’y consacrer 6 milliards d’euros cette année, soit 2,8 % de son PIB, contre 1,7 % en moyenne dans les autres pays européens de l’Alliance atlantique.

En annonçant en mai 2010 un plan d’austérité drastique, le premier ministre Georges Papandréou s’est engagé à diminuer les dépenses militaires, en réduisant en priorité celles de fonctionnement. En clair : les salaires des militaires baisseront, mais la Grèce continuera à acheter du matériel militaire, notamment français et allemand.

Pour aller au-delà, la Grèce attend que la Turquie diminue elle aussi ses dépenses. Les deux premiers ministres s’y sont engagés à la mi-mai – sans annonce depuis.

Espagne : de nouvelles coupes à venir

Le budget de la défense espagnol a été réduit de presque 9 %, soit plus de 600 millions d’euros cette année. Au cours des deux dernières années, les dépenses de défense ont été réduites d’environ 1 milliard d’euros, grâce à la réduction des coûts administratifs et salariaux, les dépenses opérationnelles et les missions de maintien de la paix à l’étranger étant maintenues.

De nouvelles coupes sont attendues en 2011, après la promesse du premier ministre socialiste José Luis Rodriguez Zapatero de diminuer les dépenses publiques de 7,7 % en 2011. Certains programmes sont déjà touchés, comme le projet de drone européen Talarion d’EADS. La phase initiale du projet financé par l’Espagne, la France et l’Allemagne a reçu 600 millions d’euros d’investissements, mais le projet d’allouer 1,5 milliard d’euros pour lancer la phase de conception et de développement est en suspens en raison des révisions de budget dans les trois pays.

France : des reports de programmes

Le ministère français de la défense planche sur une économie à réaliser de 2 à 5 milliards d’euros sur trois ans. Le chiffre de 4,9 milliards semble le plus probable, car il correspond à la différence entre la loi de programmation militaire 2009-2014 et la lettre de cadrage de Matignon. Compte tenu de la diminution des effectifs déjà engagée au sein des armées depuis 2009, 54 000 postes à supprimer sur six ans, il est envisagé de rogner surtout sur les crédits d’équipement (environ 11 milliards d’euros chaque année).

 

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