mercredi, 25 mars 2009
Discours de Nicolas Sarkozy, Président de la République, le mardi 24 mars à Saint-Quentin (Aisne)
Mes chers amis,
C’est ici à Saint-Quentin que j’ai voulu tenir ma première réunion publique après le grand rassemblement de la Porte de Versailles où s’est exprimé, avec tant d’émotion, l’espoir que la France sorte du doute qui s’est emparé d’elle.
C’est ici, que j’ai voulu être ce soir, pour engager ce dialogue que je veux nouer avec tous les Français.
Ici sur cette terre de Picardie si longtemps vouée aux malheurs de la guerre, où tant de sang fut versé pour la France, dans cette ville martyre, qui par trois fois au moins dans son histoire fut détruite de fond en comble mais qui n’a pas accepté de mourir, toujours relevée par la ténacité de Français qui n’ont jamais ménagé leur travail et leur peine.
Je voulais parler à cette France qui a si souvent souffert, qui souffre encore mais qui ne veut rien devoir qu’à ses efforts et qu’à son courage. A cette France qui pour avoir affronté tant d’épreuves, surmonté tant de drames, s’est forgé un caractère, une personnalité dont la force a si souvent étonné le monde. A cette France de toujours, à cette France qui est la vraie France, celle qui s’inscrit dans une longue histoire, celle qui est la somme de tous ces destins individuels, celle qui ne peut pas mourir parce que chacun d’entre vous veut qu’elle vive.
La France, dont tous ceux qui se sont battus pour elle de génération en génération ne savaient au fond qu’une chose c’est qu’ils ne voulaient pas la perdre, parce qu’ils sentaient que c’était ce qu’ils avaient de plus précieux à transmettre à leurs enfants, parce qu’ils comprenaient qu’en se battant pour elle ils se battaient pour eux, parce qu’ils avaient au fond de leur cœur le sentiment que ce lien mystérieux les rattachait à une destinée commune exceptionnelle à la grandeur de laquelle chacun avait sa part.
Je veux parler à tous les Français pour leur dire qu’au-delà de la droite et de la gauche, au-delà des partis, au-delà des croyances, il y a quelque chose de plus grand qui s’appelle la France.
Je veux dire à tous les Français que la France est plus forte quand elle est unie, que la désunion des Français a toujours causé l’affaiblissement de la France, que lorsque la France est faible c’est chacun d’entre nous qui se trouve affaibli.
Je veux dire à tous les Français que nous sommes les héritiers d’une seule et même histoire dont nous avons toutes les raisons d’être fiers. Si on aime la France, on doit assumer son histoire et celle de tous les Français qui ont fait de la France une grande nation.
J’ai cité Jaurès parce que Jaurès, quand il défend Dreyfus au nom de la justice, a fait de la France une grande nation. Je me sens l’héritier de Jaurès quand il dit à la jeunesse : « le courage c’est de choisir un métier et de le bien faire quel qu’il soit (…). Le courage c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de ne pas en être accablé et de continuer son chemin (…). C’est de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond. Je me sens l’héritier de Jaurès quand il dit : « contre toute menace et toute humiliation il faudrait défendre la France : elle est deux fois sacrée pour nous, parce qu’elle est la France et parce qu’elle est humaine ».
J’ai cité Léon Blum parce que Léon Blum a fait de la France une grande nation quand il a dit : « l’émulation scolaire c’est l’égalité vraie ». Parce que je me sens l’héritier de l’enfant qui en 1936 grâce aux congés payés jette sur la mer son premier regard émerveillé et entend prononcer pour la première fois le mot « vacances ».
Oui je me reconnais dans Jaurès et dans Blum, dans Jules Ferry, dans Clemenceau, comme je me reconnais dans Péguy, dans Bernard Lazare, dans Lyautey et dans le Général De Gaulle.
Monsieur Hollande, que je n’ai pas souvent entendu citer Jaurès, a dit : « c’est une captation d’héritage ! » Je ne sais pas ce que feraient Jaurès ou Léon Blum de nos jours, pas plus que je ne sais ce que ferait le Général De Gaulle. Et Monsieur Hollande ne le sait pas non plus !
Ce que je sais c’est que l’histoire de France n’appartient à personne et qu'en tout cas elle n’a pas commencé avec le parti socialiste.
Ce que je sais c’est qu’il n’y a qu’une histoire de France et non pas deux, parce qu’il n’y a qu’une seule France.
Ce que je sais c’est qu’il y a des gens pour lesquels le patriotisme de parti sera toujours plus grand que l’amour de la patrie, alors que pour moi rien n'est plus grand que l'amour de la France.
Ce que je sais c’est qu’il y a des gens qui ne comprendront jamais que l’on veuille rassembler les Français, qui ne comprendront jamais que l’on puisse dire que lorsqu’il s’agit de la France il n’y a pas de camp.
Ce que je sais c’est que la gauche qui proclame que l’Ancien régime ce n’est pas la France, que les Croisades ce n’est pas la France, que la chrétienté ce n’est pas la France, que la droite ce n’est pas la France.
Cette gauche là je l’accuse de communautarisme historique.
C'est la même gauche qui fait semblant de croire que tous les antidreyfusards étaient de droite et tous les dreyfusards de gauche, que tous les pétainistes étaient de droite et tous les résistants de gauche. Ce que je sais c’est que cette gauche-là n’a rien à voir avec celle de Jaurès, ni avec celle de Léon Blum, qu’elle n’a ni pris la Bastille, ni fondé la Première République, ni la Deuxième, ni même la Troisième. Ce que je sais c’est que c’est le Général De Gaulle qui a donné le droit de vote aux femmes, créé la Sécurité Sociale, achevé la décolonisation et sauvé deux fois la République, et non le Parti Socialiste !
Ce que je sais c’est qu’à Londres, le Général De Gaulle n’a pas demandé pas à Jean Moulin s’il était de droite ou s’il était de gauche.
Ce que je sais c’est que lorsque la Gestapo a décidé de prendre en otages Georges Mandel et Léon Blum et de les retenir prisonniers dans une petite cabane en bordure du camp de Buchenwald, elle n’a pas fait de différence entre la France de gauche et celle de droite. Dans cette cabane il n’y avait pas deux France à l’ombre sinistre des chambres à gaz, il n’y en avait qu’une.
Ce que je sais c’est que la morale laïque a incorporé les valeurs de deux mille ans de christianisme.
Ce que je sais c’est que la République a réalisé le vieux rêve d’unité des rois de France.
Ce que je sais c’est que Napoléon en achevant la Révolution a dit : « De Clovis au Comité de Salut Public, j’assume tout ».
Ce que je sais c’est que François Mitterrand ne se disait pas qu’il trahissait la gauche quand il allait parler de la mort avec Jean Guitton ou de littérature avec Jean d’Ormesson.
Je ne veux donner de leçon à personne, mais quand j’entends dire que l’on ne peut pas admirer à la fois Saint Louis et Carnot, je pense toujours à Marc Bloch, ce grand historien républicain et laïque qui a écrit : « Il y a deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims, ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ».
Ce n’est pas une querelle d’historiens. C'est un débat profondément politique car au travers de deux conceptions de l’histoire ce sont deux conceptions de la nation qui s’opposent.
Il y a ceux qui ne chercheront toujours que la victoire d’un parti sur tous les autres et il y a ceux qui ont toujours à l’esprit l’intérêt commun. Nous sommes de ceux qui veulent parler à tous les Français.
Il y a ceux qui veulent un Président de la République qui sera le porte-parole d’une partie de la France contre l’autre. Nous sommes de ceux qui veulent un Président qui parlera au nom de tous les Français.
Il y a ceux qui veulent diviser pour régner. Nous sommes de ceux qui veulent rassembler.
Il y a ceux qui attisent encore la lutte des classes et il y a ceux qui disent que le sort de chacun dépend de celui de tous.
Il y a ceux qui cherchent toujours dans l’idéologie la réponse toute faite à toutes les questions et qui veulent encore résoudre les problèmes du XXIe siècle avec les solutions du XIXe siècle et il y a ceux qui sont convaincus que la seule politique qui vaille est celle qui se fait à partir des réalités, et d’abord des réalités humaines.
Je crois en la France, en la capacité des Français d’accomplir d’aussi grandes choses que celles qu’ont accompli leurs aïeux. Je crois qu’au-delà des convictions partisanes, au-delà de la droite, de la gauche et du centre, au-delà des extrêmes qui servent de porte-voix à tous ceux qui ont le sentiment qu’on ne les écoute jamais, la grande force de la France est dans tous ces Français qui sont avant tout des hommes de bonne volonté qui aiment leur pays et qui veulent pour lui et pour leurs enfants ce qu’il y a de mieux.
Voici pourquoi je veux parler à tous les Français sans exception parce que la France a besoin de l'énergie de tous ses enfants.
La France traverse une crise morale. La politique peut y remédier parce que la politique en est la cause.
Cette crise morale est une crise des valeurs, une crise des repères, une crise du sens, une crise de l’identité.
Le dénigrement de la nation est au cœur de cette crise. A force de rendre la nation responsable de toutes les injustices, de toutes les violences, de toutes les régressions, à force de ne voir que ses fautes sans vouloir se souvenir de ce qu’elle a pu engendrer de grand, à force de regarder l’appartenance à la nation comme un asservissement, à force de cultiver la haine de la France qui n’est qu’une forme de la détestation de soi, c’est notre capacité de vivre ensemble qui s’en trouve affaiblie.
Je veux le dire ce soir à tous les Français, quelles que soient leurs origines, quel que soit le quartier où ils habitent, quelles que soient leur condition sociale, leur profession, leurs croyances religieuses, leurs convictions politiques : si la France cesse d’être notre bien commun, si nous cessons, au-delà de toutes nos différences, de prendre en partage son histoire, ses valeurs, sa langue, sa culture, alors nous ne parviendrons plus à vivre ensemble dans la paix et la fraternité, nous n’arriverons plus ni à nous parler, ni à nous comprendre, ni peut-être même à nous supporter.
Dénigrer la nation, c’est prendre le risque que ce qui nous sépare devienne plus fort que ce qui nous unit, que la différence au lieu d’être une richesse devienne une barrière, que chacun ne voie plus qu’un ennemi dans celui qui n’est pas d’accord avec lui au lieu d’y voir un citoyen dont on doit entendre et respecter les arguments.
Dénigrer la nation, c’est remettre en cause la démocratie, c’est affaiblir ce au nom de quoi la minorité accepte la loi de la majorité. C’est saper le fondement des droits et des devoirs, du civisme et de la citoyenneté. C’est enfermer chacun dans son quartier, dans son village, dans son milieu, dans ses origines, dans sa religion. C’est laisser le champ libre aux communautés, aux tribus et aux bandes. C’est laisser s’installer la loi du plus fort et la violence.
C’est ce que je ne veux pas.
C’est parce que j’aime la France, parce que je sais qu’elle est notre bien le plus précieux, parce que je crois en son idéal humain, que je veux regarder en face la question de l’immigration.
C’est parce que je crois en la France, en ses valeurs universelles, dans les droits de l’homme, que je veux lutter contre une immigration clandestine qui fait la fortune des marchands de sommeil et des passeurs sans scrupule qui n’hésitent pas à mettre en danger la vie des pauvres malheureux dont ils exploitent la détresse.
Je souhaite que celui qui a été reconduit dans son pays ne puisse pas obtenir un titre de séjour en France pendant les 5 ans qui suivent.
Je souhaite que les étrangers en situation irrégulière soient exclus du droit au logement opposable.
C’est parce que je crois en la France, en ses valeurs, c’est parce que je veux qu’elle reste ouverte, accueillante, généreuse, que je veux que l’immigration soit maîtrisée, que notre pays fixe chaque année le nombre des étrangers qu’il peut accueillir dans des conditions qui permettent de respecter la dignité des personnes.
Je souhaite que l’immigré en situation régulière ne puisse faire venir sa famille que dans la mesure où les revenus de son travail lui permettent de la faire vivre et de la loger décemment.
Je souhaite qu’on ne puisse pas s’installer durablement en France sans se donner la peine d’écrire et de parler le Français.
Je souhaite qu’on ne puisse pas vivre en France sans respecter sa culture et ses valeurs. Ceux qui veulent soumettre leur femme, ceux qui veulent pratiquer la polygamie, l’excision ou le mariage forcé, ceux qui veulent imposer à leurs sœurs la loi des grands frères, ceux qui ne veulent pas que leur femme s’habille comme elle le souhaite ne sont pas les bienvenus sur le territoire de la République française.
C’est parce que je crois en la France et en ses valeurs que je souhaite qu’une charte fixe clairement les principes de l’entrée et du séjour des étrangers dans notre pays.
A celui qui veut devenir Français, je dis qu’il doit prendre en partage l’histoire de France, qu’il doit accepter que le pays dans lequel il vient soit un vieux pays qui a commencé d’exister bien avant lui. Il doit comprendre que ce pays est un pays de liberté qui demande simplement qu’on le respecte et qu’on l’aime.
Ce qui est en jeu dans le débat sur la nation, c’est une conception de la politique comme participation à la définition d’une destinée commune.
Ce qui est en jeu c’est une conception de la politique pour laquelle une même idée de la nation, de la République et de l’Etat borne les divergences d’opinions et empêche la guerre de tous contre tous.
Ce qui est en jeu, c’est une conception de l’homme.
Car qu’est-ce que la France sinon d’abord une idée de l’homme, du respect qu’on lui doit, des droits que nul ne peut lui retirer ?
Qu’est-ce que la France sinon un combat multiséculaire pour la dignité de la personne humaine et pour sa liberté ?
Qu’est-ce que la France sinon une culture qui se veut l’héritière de toutes les cultures qui dans le monde ont apporté quelque chose à l’idée d’humanité ?
Qu’est-ce que la France sinon la foi dans la capacité de l’homme à s’améliorer ?
Qu’est-ce que la France sinon cet effort continuel pour faire la synthèse de ce qu’il y a de plus grand et de plus beau dans les hommes, sinon cet intercesseur unique entre ce qu’il y a de singulier dans chaque homme et ce qu’il y a d’universel dans tous les hommes, entre le sentiment de chacun et la raison de tous ?
L’intolérance et le sectarisme, c’est le reniement de la France, de ses valeurs, de son idéal.
Juger quelqu’un sur la couleur de sa peau ou la consonance de son nom, c’est renier la France.
S’indigner, au lieu de se réjouir de voir Jaurès applaudi par la droite et le Général De Gaulle applaudi par la gauche, c’est renier la France.
Refuser de reconnaître son semblable dans celui qui n’a pas la même apparence physique, les mêmes croyances religieuses ou les mêmes opinions politiques que soi, c’est renier la France.
Récuser l’idée que dans certaines circonstances et sur certains sujets des hommes appartenant à des partis opposés, venant d’horizons différents mais ayant la France et ses valeurs en partage, puissent unir leurs forces et leurs volontés pour défendre une même cause, c’est renier la France.
C'est pourquoi j'ai le devoir de parler à tous ceux qui se sont tournés vers les extrêmes parce qu'ils l'ont fait comme un appel au secours dans la détresse où ils se trouvent, non comme un acte d'espérance en Jean-Marie Le Pen ou Arlette Laguiller. Je veux les convaincre de revenir dans le champ de la République parce qu'ensemble nous allons changer les choses. Ainsi leur voix sera utile, leur cri sera entendu, leur souffrance sera prise en compte.
J'ai le devoir de parler à tous ceux qui se sentent trahis par une gauche qui ne reconnaît plus le travail, qui ne comprend plus les travailleurs, qui n'écoute plus le peuple dans son aspiration à la sécurité, à l'identité, à la protection. Je veux être le porte-parole de la France qui travaille, qui se lève tôt, qui ne demande rien d'autre qu'on la respecte en rendant possible la promotion sociale.
J'ai le devoir de parler à tous ceux que la politique a trahis pour leur demander de me croire car j'ai la volonté de tout dire avant l'élection parce que je ferai tout après. Je vous demande d'y croire à nouveau parce que c'est la France qui est en jeu. Je veux de l'honnêteté, de l'authenticité, de la vérité dans la vie politique française.
Voici pourquoi je veux aller à la rencontre de tous les hommes de bonne volonté, pourvu qu’ils aient dans leur cœur l’amour de la France et de la République. Je suis convaincu qu’avec eux, d’où qu’ils viennent, une fois de plus dans notre histoire, tout deviendra possible.
Oui, il y a une différence, une différence profonde, entre ceux pour lesquels le but de l’élection présidentielle est de faire gagner le Parti Socialiste et ceux pour lesquels il s’agit non de faire gagner un parti mais de faire gagner la France.
Oui, il y a une différence entre ceux pour lesquels la France c’est seulement le Parti Socialiste et ceux pour lesquels la France c’est tous les Français qui aiment leur pays.
Oui, il y a une différence entre ceux qui pensent qu’on ne peut pas, qu’on ne doit pas dépasser les clivages et ceux qui pensent qu’on doit les dépasser parce que les défis que nous avons aujourd’hui à relever sont bien au-delà de la droite et de la gauche, parce que la crise morale que nous traversons est une crise nationale, dans laquelle la gauche aussi bien que la droite ont leur part de responsabilité.
Tout le monde est responsable. Et au point où nous en sommes il ne s’agit pas de savoir qui de la gauche ou de la droite est le plus responsable mais de savoir comment on en sort, comment on tire une fois encore des profondeurs de notre pays la force de regarder de nouveau l’avenir comme une promesse et non plus comme une menace.
Cette force nous la trouverons en remettant l’homme au cœur de la politique.
Nous la trouverons en rendant au travail sa valeur morale et sa capacité d’émancipation.
Nous la trouverons en rendant au travailleur la première place dans la société.
Je veux redonner au beau nom de travailleur le prestige qu’il a perdu, parce qu’en abaissant le travailleur on a abaissé l’Homme.
Je veux réhabiliter le travailleur qui a été trop longtemps ignoré par la droite et qui a été trahi par la gauche.
La fin du travail est un mythe. Le grand problème de la France c’est qu’elle travaille moins quand les autres travaillent plus. Le grand problème de la France c’est qu’elle ne crée plus assez de travail pour financer les retraites, la protection sociale, pour rembourser la dette, pour élever le niveau de vie, pour réduire la précarité, le chômage, les inégalités, pour faire fonctionner notre modèle d’intégration sociale. Ce problème n’est pas un problème technique c’est un problème moral. La crise de la valeur travail est au cœur de la crise morale.
Le travail c’est le moyen par lequel l’homme se libère de la rareté et de la violence. C’est l’égalité des chances, c’est la promotion sociale, c’est le fondement de la citoyenneté.
Derrière la crise du travail il y a le sentiment désespérant que la promotion sociale est impossible, que le mérite n’est plus récompensé et que le travail ne paye plus, qu’il ne protège même plus de la pauvreté. Avec la crise de la valeur travail c’est l’espérance qui disparaît. Comment espérer encore si le travail ne permet plus de se mettre à l’abri de la précarité, de s’en sortir, de progresser ?
Je n'accepte pas qu'il puisse exister des travailleurs pauvres alors que l'on a déjà bien assez à faire avec ceux qui sont pauvres parce qu'ils n'ont pas de travail !
J’ai visité beaucoup d’usines, rencontré beaucoup d’ouvriers. Dans les usines on parle peu. Il y a beaucoup de pudeur chez les ouvriers. Il y a une culture ouvrière, une façon d’être des ouvriers, un rapport particulier des ouvriers à la vie et au travail. Je ne veux pas que cette culture ouvrière se perde. Je ne veux pas d’une France sans usine. Si les usines partaient, le reste partirait aussi. Les services aux entreprises partiraient. Le marketing, la finance, la recherche appliquée partiraient.
La France sans paysan, sans artisan, sans ouvrier serait une France appauvrie moralement, culturellement, économiquement. Les travailleurs - et je pense aussi aux employés, aux techniciens, aux ingénieurs, aux cadres - sont fiers de leur métier, ils considèrent qu’ils doivent le faire le mieux qu’ils peuvent. Ils ont ce sens du devoir, ce sens moral, ce courage qui sont des valeurs auxquelles je crois, qui sont les valeurs autour desquelles les Français doivent se rassembler parce que ce sont les valeurs de la France.
A leur manière les travailleurs sont des résistants. Des résistants contre la disparition d’un type de civilisation et d’un type d’homme qui respectent le travail comme une condition de la liberté, qui pensent que l’honneur c’est toujours s’efforcer de faire le mieux possible ce qu’on a à faire, que la dignité c’est de ne rien devoir qu’à soi-même et que le premier devoir d’un homme c’est de transmettre ses valeurs à ses enfants.
Aux ouvriers qui ont tant de savoir-faire, aux paysans qui depuis des générations font fructifier leur terre, aux artisans qui n’aiment que ce qui est parfait et dont les secrets se transmettent de génération en génération depuis des siècles, aux ingénieurs qui subissent eux aussi la concurrence des ingénieurs de l’Inde ou de la Chine dix fois moins payés, je me refuse à dire que tout est fini, qu’il n’y a plus de place pour eux, qu’ils doivent disparaître, qu’ils ne servent plus à rien. Je veux leur dire que rien n’est perdu. Un métier qui disparaît, un village qui se vide, un bassin industriel qui s’effondre, c’est un drame. Aucune nécessité économique ne justifie que la politique soit indifférente à ce drame et à la souffrance qu’il cause. Nulle impuissance publique n’oblige à accepter sans rien faire ce gâchis humain qu’un petit effort d’imagination, de volonté et de morale suffirait à éviter. A quoi sert la politique si on ne peut rien faire sur rien ? A quoi sert la politique si la seule loi qui s’impose est celle de la rentabilité à court terme ? A quoi sert la politique si elle se contente d’accompagner une sorte de sélection naturelle qui fait triompher le fort et anéantit le faible, si elle ne donne pas sa chance à chacun ?
Je crois dans la force créatrice du capitalisme mais je suis convaincu que le capitalisme ne peut pas survivre sans une éthique, sans le respect d’un certain nombre de valeurs spirituelles, sans l’humanisme. Dans le capitalisme la rémunération de chacun doit être en rapport avec la richesse qu’il crée, avec le service qu’il rend à la société, et la propriété doit être le fruit de l’effort.
Je ne crois pas à la pérennité d’un capitalisme dans lequel l’homme ne compterait pas, dans lequel le chef d’entreprise n’aurait de responsabilité que vis-à-vis de ses actionnaires sans en avoir aucune vis-à-vis de ses salariés, de la société, de son pays, des générations futures.
Je ne crois pas à la survie d’un capitalisme où toute la propriété est diluée dans la Bourse, où l’actionnaire n’a plus aucun lien avec l’entreprise et avec ceux qui y travaillent, où l’entreprise n’est plus une communauté humaine.
Je suis convaincu qu’il faut rééquilibrer le capitalisme financier dans un sens plus favorable à l’entrepreneur et au capitalisme familial.
Mais pour que le travail apparaisse de nouveau comme un moyen d’émancipation, il faut que le travail permette de faire vivre décemment sa famille, d’éduquer ses enfants.
Il faut l’encourager au lieu de le décourager.
Il faut cesser de dévaluer le travail en surévaluant la monnaie.
Il faut cesser de faire du travailleur la seule variable d’ajustement de l’économie.
Je propose que l’augmentation du pouvoir d’achat soit la priorité de la politique économique après 25 ans de sacrifices, après 25 ans de stagnation du pouvoir d’achat des salaires, après 25 ans de baisse du niveau de vie pour les jeunes générations que les 35 heures ont aggravé.
Je propose de supprimer les charges et les impôts sur les heures supplémentaires pour que ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus soient encouragés à le faire, sans que personne y soit obligé.
Je propose d’alléger la fiscalité du travail en taxant plus la pollution et la consommation, les importations des pays qui pratiquent le dumping écologique et le dumping social, et en taxant moins le travail.
Je propose d’en finir avec une fiscalité confiscatoire qui décourage la réussite, fait fuir les capitaux et les entrepreneurs qui s’en vont créer des emplois ailleurs.
Je propose que toute la politique économique, ait un seul objectif : la revalorisation du travail.
Je propose une politique de croissance pour atteindre le plein emploi.
Je veux une politique qui obéisse à une morale simple : ne pas imposer aux autres des sacrifices que l’on ne serait pas capable de s’imposer à soi-même. Ne pas faire une politique contraire aux principes auxquels on prétend se référer.
Les principes de la politique que je souhaite n’expriment rien d’autre que les valeurs éternelles de la France : la liberté, la responsabilité, l’ordre et le progrès.
La liberté de l’homme, on n’a pas cessé de la réduire en décidant de plus en plus à sa place comme s’il n’était plus capable de décider pour lui-même, de choisir son destin, d’assumer ses risques. On l’a privé de la liberté de choisir son rythme de travail. On lui a interdit de travailler plus quand il avait besoin de gagner davantage. On lui a interdit de travailler plus longtemps quand il n’avait pas envie de prendre sa retraite. On lui a interdit de choisir l’école de ses enfants. On lui a interdit de transmettre librement à ses enfants le fruit de son travail.
On l’a privé des moyens d’être libre. Car l’on n’est pas libre quand l’impôt prend plus de la moitié du revenu.
On n’est pas libre quand on ne peut pas loger décemment sa famille en travaillant.
On n’est pas libre quand on se lève tôt, quand on travaille dur et qu’on ne peut même pas offrir des vacances à ses enfants.
On n’est pas libre quand on ne peut pas mener de pair sa vie professionnelle et l’éducation de ses enfants. On n’est pas libre quand on n’a pas les moyens de faire garder ses enfants. On n’est pas libre quand il n’y a pas d’étude surveillée pour que les devoirs soient faits à l’école pendant que la mère travaille.
On n’est pas libre quand on n’a pas le droit d’emprunter lorsqu’on a été malade.
On n’est pas libre quand on ne peut pas financer ses projets parce que l’on n’a pas des parents assez riches pour apporter des garanties ou parce que l’on n’a pas de relations.
On n’est pas libre quand on a un diplôme qui ne vaut rien parce qu’on l’a dévalorisé pour pouvoir le donner à tout le monde.
On n’est pas libre quand l’école ne transmet plus les savoirs, ne donne plus accès à la culture et aux grandes œuvres de l’esprit, parce que l’ignorant n’est pas libre.
On n’est pas libre quand on est soumis au chantage des délocalisations, quand on vit dans l’angoisse de l’exclusion ou du déclassement, quand on vit avec au ventre la peur de la précarité.
On n’est pas libre quand on a 50 ans et qu’on est exclu du marché du travail.
On n’est pas libre quand, quoi que l’on fasse, on ne peut plus progresser.
On n’est pas libre quand on est privé des moyens d’accomplir ses rêves.
Je veux la liberté du choix.
Je souhaite que l’on donne à chacun la liberté de choisir l’école de ses enfants, son temps de travail, l’âge où il cesse de travailler, la liberté de transmettre le fruit de son travail à ses enfants sans droits de succession, de disposer comme il l’entend d’au moins la moitié de son revenu, de prendre sa retraite quand il le veut, et même de travailler autant qu’il le veut après avoir pris sa retraite.
Je souhaite que la femme ait la liberté de travailler et d’élever ses enfants.
Je souhaite des places de crèche pour toutes celles qui en ont besoin et une étude surveillée pour l’enfant de la mère qui travaille.
Je souhaite que l’enfant de famille modeste qui ne peut pas étudier chez lui ait la liberté d’apprendre dans un internat d’excellence.
Je souhaite que chacun reçoive une culture d’homme libre et la formation qui pourra lui permettre de trouver un emploi.
Je souhaite une école de l’excellence parce que c’est la seule qui donne à tous la même chance de promotion sociale.
Je veux l’orientation, la sélection, l’émulation scolaires et l’élitisme républicain – ces mots ne me font pas peur – parce que c’est comme cela que l’on donne à chacun la liberté de réussir.
Je souhaite que les jeunes en formation aient une autonomie financière grâce à une allocation formation, à des prêts à taux zéro et à la possibilité de travailler tout en étudiant. C’est ainsi qu’on leur donnera la liberté de construire leur vie et la liberté d’apprendre.
Je souhaite que ceux qui ont des projets bénéficient de la garantie de l’Etat parce qu’il faut que chacun ait la liberté de créer.
Je souhaite que le malade bénéficie d’une caution publique pour qu’il soit libre, comme tout le monde, d’emprunter pour acheter sa maison.
Je souhaite que les intérêts des emprunts pour acheter son logement soient déductibles en totalité du revenu imposable, que le crédit hypothécaire soit réformé, que l’accès à la propriété pour les locataires de logements sociaux soit facilité parce que la propriété c’est la meilleure assurance contre les accidents de la vie, contre la précarité. Parce que la propriété c’est l’indépendance, c’est la liberté. Je souhaite que tous les Français qui travaillent puissent devenir propriétaires.
Je souhaite plus de liberté pour le chef d’entreprise dans la gestion de l’emploi grâce à un contrat unique à droits progressifs parce que cette liberté est un encouragement à l’embauche. Je souhaite une Sécurité Sociale professionnelle qui protège les personnes contre les aléas de la vie des entreprises, parce qu’il n’y a pas de liberté dans l’insécurité.
Je souhaite une assurance salaire en cas de chômage pour les salaires les plus bas, parce que lorsque l’on descend en dessous du minimum on n’a plus les moyens de vivre comme un homme libre.
L’homme n’est pas libre s’il n’est pas responsable de ses actes.
La responsabilité c’est la dignité.
La responsabilité c’est la condition de l’estime de soi.
L’égalitarisme c’est le contraire de la responsabilité parce qu’avec l’égalitarisme il n’y a plus de rapport entre les actes et les résultats.
L’assistanat c’est le contraire de la responsabilité parce qu’avec l’assistanat l’homme subit au lieu de vouloir.
L’égalitarisme et l’assistanat sont dégradants pour la personne humaine. Ils empêchent ceux qui veulent réussir de réussir. Ils démoralisent ceux qui se donnent du mal. Ils rendent toujours plus dépendants et plus vulnérables ceux qui en bénéficient. Ils tirent tout le monde vers le minimum au lieu de tirer chacun vers le maximum.
Le Parti Socialiste veut une société du minimum, je souhaite une société du maximum, parce qu’avec le minimum on ne vit pas, on survit.
Je veux être le Président d’une France dans laquelle l’Etat aide ceux qui en ont besoin, ceux que les accidents de la vie ont abîmés au point qu’ils n’arrivent plus à se tenir debout tout seuls. Ma France, c’est celle où l’Etat ne laisse personne dans la détresse, où l’Etat tend la main à l’enfant pauvre, au malade, au handicapé, à la personne âgée qui est dépendante, où l’Etat accompagne ceux qui veulent s’en sortir, ceux qui sont prêts à faire un effort sur eux-mêmes, où l’Etat donne à ceux qui n’ont plus la force de vouloir, l’énergie de vouloir de nouveau.
Car vouloir pour soi-même, c’est espérer encore. Et toute la grandeur de l’homme est dans cette espérance qui le pousse à se dépasser, qui fait de sa vie une aventure dans laquelle rien n’est écrit par avance, qui le fait acteur et non spectateur de sa propre histoire.
Je veux être le Président d’une France où la politique aura pour but que brûle toujours dans le cœur de chacun la flamme de l’espérance qui indique à l’homme qu’il est maître de sa destinée.
Si je souhaite qu’il n’y ait plus aucun revenu d’assistance sans une activité d’intérêt général qui en soit la contrepartie, c’est parce que je veux que celui qui est secouru retrouve l’estime de lui-même dans la reconnaissance de son utilité sociale.
Si je souhaite que celui qui bénéficie d’une assurance salaire ne puisse pas refuser deux offres d’emploi successives correspondant à ses qualifications, c’est parce qu’en rémunérant le chômage autant que le travail, sans contrepartie, on démoralise celui qui finance la solidarité en travaillant dur.
Si je souhaite que l’allocation formation soit conditionnée par l’assiduité et le sérieux dans les études de celui qui en bénéficie, c’est parce que je suis convaincu qu’on ne rend pas service à la jeunesse en lui laissant croire que tout lui est dû.
Si je souhaite que tous les jeunes accomplissent un service civique obligatoire de 6 mois, c’est parce que la jeunesse doit apprendre à donner et pas seulement à recevoir.
Si je souhaite que les parents qui ont des difficultés soient aidés pour élever leurs enfants et que ceux qui n’assument pas leurs responsabilités soient sanctionnés, par la mise sous tutelle des allocations familiales, c’est parce que je crois que le rôle des parents dans l’éducation est irremplaçable.
Si je souhaite que la justice soit indépendante et reçoive les moyens qui lui manquent, si je ne peux pas accepter que les juges ne soient jamais tenus pour responsables des fautes qu’ils commettent quand tous les autres citoyens le sont, c’est parce que la justice ne peut pas incarner une morale qu’elle ne s’applique pas à elle-même.
Si je souhaite que l'entreprise délocalise, rembourse les aides publiques qu'elle a reçues, c'est parce qu'il y a aussi une responsabilité sociale de l'entreprise.
Si je souhaite que les maisons-mères soient responsables de façon illimitée des dégâts causés à l'environnement par leurs filiales, c'est parce que nous avons tous une responsabilité illimitée vis-à-vis des générations futures.
Si je souhaite que le patron qui réussit soit bien rémunéré et que celui qui échoue ne parte pas avec un parachute en or, c’est parce que moralement on ne peut pas à la fois être bien payé pour exercer des responsabilités et ne pas assumer les conséquences.
Si je souhaite que le patron malhonnête qui pille son entreprise ait des comptes à rendre autant que le politicien corrompu et que l’adolescent qui rackette ses camarades d’école, c’est parce que l’on ne peut pas demander aux citoyens d’assumer leurs responsabilités si des délinquants petits ou grands restent impunis.
Si je souhaite développer les droits opposables, c’est-à-dire les droits que l’on peut faire valoir devant les tribunaux, c’est parce que je souhaite que tout le monde dans l’Etat et dans les collectivités publiques se sente réellement responsable de l’application des droits qui sont reconnus par la République.
Si je souhaite que le Président de la République assume clairement ses responsabilités dans la conduite des affaires publiques, c’est parce que je suis convaincu que l’exemple doit venir d’en haut.
Faire revivre les valeurs qui sont au cœur de notre identité, c’est nous montrer capables, de faire la synthèse entre l’ordre et le mouvement, entre les valeurs qui donnent son assise à l’homme et celles qui le poussent à s’inventer sans cesse un nouvel avenir.
L’ordre, c’est le principe selon lequel tout ne se vaut pas. C’est le contraire de ce système de pensée et de valeurs dans lequel l’élève est l’égal du professeur, dans lequel le délinquant compte autant que la victime, dans lequel celui qui ne se donne aucun mal est autant considéré que celui qui s’en donne beaucoup.
L’ordre, c’est l’échelle des valeurs qui est reconnue, les devoirs qui sont inséparables des droits.
C’est l’honnêteté. C’est le civisme. C’est la confiance. C’est l’Etat de droit. C’est quand chacun sait ce qu’il a à faire et ce qu’il peut raisonnablement attendre des autres.
L’ordre, c’est quand l’autorité du maître est respectée, c’est quand l’école apprend à l’enfant à faire la différence entre le bien et le mal, à distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux, à apprécier ce qui est beau et ce qui est grand.
L’ordre, c’est quand la loi est la même pour tous, quand le crime est puni et le mérite récompensé.
L’ordre, c’est quand la victime compte plus que le délinquant. C’est quand le travail paye plus que l’inactivité, quand on cesse de s’appauvrir en travaillant et de s’enrichir en spéculant.
L’ordre, c’est quand le capitalisme est régulé, quand la concurrence est loyale, c’est quand l’entrepreneur est davantage valorisé que le prédateur, c’est quand les gains sont équitablement répartis entre le capital et le travail, c’est quand le dialogue prévaut sur la violence, c’est quand personne n’est obligé de descendre dans la rue pour faire valoir son point de vue, c’est quand les usagers ne sont pas pris en otages par les grévistes, c’est quand chacun peut circuler sans craindre de se faire agresser.
Le mouvement, c’est l’audace, c’est l’innovation, c’est le progrès, c’est l’appel de la justice. C’est la conviction que l’intelligence et le travail des hommes peuvent améliorer le sort des générations futures. C’est l’optimisme des Lumières. C’est Condorcet poursuivi par les agents de la Terreur qui veulent l’assassiner et qui trouve encore en lui la force d’écrire : « La contemplation de l’espèce humaine marchant dans la route de la vérité, de la vertu et du bonheur est un asile pour le philosophe où le souvenir de ses persécuteurs ne peut le poursuivre » . Le mouvement c’est la liberté de l’esprit. C’est la raison critique dressée contre la folie des hommes. C’est la foi dans la science et dans l’éducation.
Je souhaite que l’enfant cesse de lire dans le regard de son père qu’il vivra moins bien que lui.
Je souhaite une société où la responsabilité l’emporte sur la précaution.
Je souhaite une société qui s’arrache au conservatisme en permettant à chacun de développer ses talents.
Je souhaite une société qui sorte de l’immobilisme.
Je souhaite une société qui crée la richesse avant de la partager, au lieu de la partager avant de la créer.
Je souhaite une société qui cherche la prospérité dans la qualité plutôt que dans la quantité, qui veuille le développement, mais le développement durable.
Je veux être le Président d’une France qui donne au monde l’exemple d’un nouvel humanisme par lequel l’homme, cessant de vouloir dominer la nature, forgera avec elle une alliance d’où naîtra la civilisation du futur.
Je veux être le Président d’une France qui comprenne que l’Europe est la seule chance pour éviter la mort d’une certaine idée de l’homme.
Je veux être le Président d’une France qui travaille à humaniser la mondialisation.
Je veux être le Président d’une France qui défende partout les droits de l’homme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. D’une France qui s’oppose aux dictatures et combat le totalitarisme, cette tyrannie où le tyran n’a pas de visage parce qu’il est partout, jusque dans les têtes. D’une France qui s’efforce de fonder l’ordre du monde sur les valeurs spirituelles et morales qu’elle incarne aux yeux de tous les hommes.
C’est à l’école sans doute que se joue la partie la plus décisive pour l’avenir de cette idée de l’homme qui nous vient du plus profond de ce que nous sommes.
Je souhaite une école qui redonne la première place à la culture humaniste parce qu’elle est la source de tout.
Je souhaite une école qui apprenne à l’enfant qu’en respectant la planète c’est l’humanité qu’il respecte.
Je souhaite une école qui place au cœur de ses valeurs le travail, l’effort, le mérite.
Je souhaite une éducation qui fasse redécouvrir aux enfants le plaisir de la connaissance après le long effort de la pensée, qui leur fasse aimer le savoir comme la récompense du travail de l’intelligence.
Je voudrais que tous les enfants, quand ils seront devenus adultes, aient un jour envie d’écrire à leur instituteur : « Merci de m'avoir rendu curieux de ce qui est beau». Nos enfants le pourront-ils encore si nous négligeons l’école ? Si nous laissons nos enfants sans valeur et sans repère ? Si nous renonçons à la culture commune qui permet aux hommes de se parler et de se comprendre ? Si nous ne leur enseignons plus la morale, le civisme, la grandeur de la raison ? Si l’enfant qui fait quelque chose de mal n’est pas sanctionné ? Si le maître ne fait pas respecter son autorité tout en respectant dans chaque enfant les possibilités infinies de l’adulte en devenir ?
Malraux avait proposé un jour comme devise à la jeunesse : « Culture et courage ». Je ne vois rien de plus grand, de plus beau. A condition que nous construisions une école pour faire des adultes et non de grands enfants. A condition que nous nous posions sans cesse la question non seulement de savoir quel monde nous allons laisser à nos enfants mais aussi à quels enfants nous allons laisser le monde, et donc de nous demander à nous-mêmes quel exemple nous leur donnons, quelles valeurs nous leur transmettons.
*
Je veux dire à tous les Français que les valeurs de l’humanisme sont les miennes.
Ce ne sont pas celles des 35 heures, des diplômes au rabais, de l’égalitarisme, de l’assistanat.
Ce ne sont pas celles du sectarisme et de l’intolérance.
Ce ne sont pas celles d’une gauche, qui ne reconnaît plus la valeur du travail, qui veut déshabiller Pierre pour habiller Paul, qui préfère ne pas risquer de démoraliser le mauvais élève plutôt qu’encourager le bon, qui porte plus de considération au délinquant qu’à la victime.
L’enjeu de cette élection présidentielle est un enjeu moral, un enjeu de valeurs. Parce que le doute qui étreint la France, ce doute sur ce que nous sommes, sur le rôle que nous avons à jouer, ce doute sur ce que nos enfants vont devenir, ce doute est un doute sur nos valeurs.
Le problème de notre avenir doit être d’abord posé en termes de réforme intellectuelle et morale.
Nous devons rompre avec des habitudes de pensée et de comportement qui nous condamneraient au déclin si nous devions en demeurer prisonniers.
Après des décennies où le débat public s’est cantonné au seul problème de la gestion, c’est une véritable révolution des mentalités qu’il nous faut accomplir pour répondre aux grandes questions que le siècle nous pose.
Je veux dire à tous les Français que ce dont nous avons besoin ce n’est pas d’une politique imaginée par les experts et les techniciens. Ce dont nous avons besoin c’est d’une politique de civilisation, une politique qui parte de l’homme, de ce qui le fait penser, de ce qui le fait agir.
Ce dont nous avons besoin c’est d’une politique qui donne à chacun d’entre nous le sentiment que de nouveau tout devient possible. Que tout devient possible pour lui. Que tout devient possible pour ses enfants. Que tout devient possible pour la France.
Je veux dire à tous les Français que ce dont nous avons besoin c’est de retrouver au fond de nous-mêmes les valeurs que nous avons collectivement oubliées ou trahies.
Ce dont nous avons besoin c’est de ressusciter l’espérance non en nous reniant mais en redevenant nous-mêmes.
La France doit montrer à tous les hommes qu’avec un peu d’intelligence, de cœur et de courage on peut déjouer le destin.
Elle doit dépasser ses clivages, surmonter ses divisions pour vaincre ses doutes, pour se hisser de nouveau à la hauteur de ce que tant d’hommes dans le monde attendent d’elle, pour faire revivre son idéal d’humanisme.
Cet humanisme, je voudrais qu’il soit le principe même de notre politique. Je voudrais qu’il vive à l’école, je voudrais qu’il vive dans la société, dans l’économie, dans la culture, dans le droit, dans notre rapport à la nature, dans notre rapport aux autres, dans notre diplomatie.
Français, tous ensemble, si vous le voulez, forts de nos valeurs, forts de notre histoire, une fois encore nous nous relèverons et nous éclairerons pour tous les hommes le chemin de l’avenir.
Vive la République !
Vive la France !
15:12 Publié dans France | Lien permanent | Commentaires (0)
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