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mardi, 09 septembre 2008

Discours d'Hervé Morin aux universités d'été des Jeunes Centristes

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(Seul le prononcé fait foi)

 

Mes Chers amis,

Avec les parlementaires du groupe, avec André SANTINI, avec Jean-Christophe LAGARDE, je voudrais tout d’abord dire merci à deux ou trois personnes. Je voudrais dire merci à Jean-Pierre COLIN, président de la fédération du Var. Je voudrais dire merci à Mireille BENEDETTI, avec sa conviction, son enthousiasme extraordinaires, nous sommes en train de faire de belles choses dans les Bouches du Rhône ; puisque progressivement nous sommes en train d’élargir la famille, Robert ASSANTE, maire du 11ème et 12ème arrondissement de Marseille et Conseiller général vient de nous rejoindre, Robert est là au premier rang.

Et puis je voudrais surtout dire merci à Damien ABAD, et merci aux jeunes. Pour ceux qui étaient au Congrès fondateur de Nîmes en mai dernier, ils se souviennent des mots que j’avais eu pour Damien : je pense, Damien, que si les petits cochons ne te mangent pas, a priori la destinée des présidents des jeunes centristes devrait te permettre, un jour comme Jean-Christophe avant toi, de gravir les échelons de la vie politique française. Parce que tu as du courage, parce que tu es intelligent, et surtout parce que tu as une force et une détermination extraordinaires : Bravo Damien !

Alors c’est vrai, Mireille, ces 15 derniers jours ont été rudes, ils ont été rudes mais je suis vraiment heureux d’être là parmi vous aujourd’hui. Etre parmi vous pour cette première Université d’été, d’un parti qui n’a même pas un an d’existence. Un parti qui a 10 mois d’existence, puisque les statuts de ce parti ont été rédigés en septembre dernier et qu’ils ont été adoptés en novembre. Et bien moins d’un an après la création de notre parti politique, que les jeunes aient organisé l’Université d’été de notre parti, et que vous ayez réunis 400 personnes, où chacun est venu par ses propres moyens en finançant son déplacement ; c’est la preuve mes chers amis, que notre formation politique en l’espace de dix mois, a beaucoup avancée.

Que de chemin parcouru depuis dix mois !

Un groupe parlementaire autonome à l’Assemblée nationale.
Un congrès fondateur à Nîmes où nous avons réussi à mobiliser pendant deux jours plus de 2 000 militants dans le hall des expositions de Nîmes.
Près de 8000 adhérents, c'est-à-dire plus du tiers de ce que représentait le fichier de l’UDF à la veille de l’élection présidentielle, nous étions 21000 adhérents à jour de cotisation.
Des élus sans cesse plus nombreux à chaque élection. Je vous invite à lire dans une des dernières revues de sciences politiques, une analyse de Pierre MARTIN, indiquant que nous avions fait plus d’élus aux dernières élections municipales et cantonales que le Modem, et que nous avions été en nombre d’élus la troisième force politique du pays.

Et mon cher Damien, au-delà des fédérations de plus en plus nombreuses, de plus en plus constituées, nous avons un mouvement national des Jeunes centristes, dont certains sont ici devant nous, ce mouvement compte aujourd’hui 1000 jeunes. 1000 jeunes qui sont aujourd’hui la pépinière de demain.

Alors, mon cher Damien tu nous dis aujourd’hui : « il nous faut des places », Je ne suis pas contre ! Mais il n’y a pas de droit en la matière, il y a une exigence, celle de vous faire une place en fonction du travail accompli, en fonction de l’effort que vous accomplirez pour participer à la vie politique locale. Parce que quand on est jeune, pour avoir été Conseiller général à 29 ans, on a un atout formidable, c’est que celles et ceux qui sont plus âgés que vous, vous regardent non pas avec un regard de défiance, mais avec un regard extrêmement bienveillant. Ils disent : « voilà des jeunes qui veulent s’investir dans la vie politique », et cela vous procure un atout absolument extraordinaire. Et si vous savez mettre en œuvre cet atout, nous vous ferons la place que vous méritez aux élections européennes, et à coup sûr aux élections régionales dans moins de 18 mois. Investissez vous, prenez vos responsabilités, et je vous garantis que vous aurez la place qui doit être la vôtre.

C’est à vous, la jeunesse d’un parti jeune, que je m’adresse aujourd’hui.
Je compte sur votre enthousiasme,
Je compte sur votre dynamisme,
Je compte sur votre talent,
Je compte sur vos idées,
Je compte sur votre diversité,
Vous l’aurez compris, je compte sur vous pour porter haut et fort nos idéaux et nos combats.
Je compte sur vous pour que nos valeurs et nos convictions irriguent le débat public.
Je compte sur vous pour lancer des idées nouvelles, pour être à l’avant-garde, pour faire avancer la France, pour redonner du souffle à l’Europe.
Je compte sur vous pour inspirer l’évolution du monde et pour être la force d’imagination de notre parti.
Nous comptons sur vous, les Jeunes centristes, sur toi Damien, pour lancer des idées nouvelles, pour vous engager pour que notre parti ait dans les années à venir, la place qui est la sienne, et je pense aux élections présidentielle et législative

Car après la fondation de nos structures, nous voici désormais pleinement mobilisés dans l’élaboration de notre projet politique, dans l’écriture du contrat que nous voulons proposer aux Français.

Notre projet politique, nous devons le penser dans un esprit d’ouverture et de rassemblement de la famille centriste. Sans exclusive. Il nous faut travailler aussi bien avec les réformateurs de l’UMP – dont je rappelle que beaucoup sont d’anciens membres de l’UDF et du centre, du CDS pour Yves BUR, du PR pour Hervé NOVELLI, des Adhérents Directs pour Louis GISCARD d’ESTAING – qu’avec le parti radical de Jean-Louis BOORLO, mais aussi avec Jean-Marie BOCKEL, et avec les anciens centristes réunis autour de Pierre MEHAIGNERIE. Nous devons faire le chemin inverse de celui qui a conduit à la mort de l’UDF, c'est-à-dire par le dialogue refaire le chemin de la reconstruction de notre famille politique, celle qu’était l’UDF.

Notre projet politique, nous devons l’imaginer avec tous ceux avec qui nous partageons les mêmes valeurs et la même volonté d’agir.

C’est dans cet esprit que nous avons installé nos premiers groupes de travail :
L’un sur l’économie autour de Christian SAINT-ETIENNE, et nous aurons un Conseil national dès novembre pour évoquer ensemble les grandes orientations de la politique économique que nous voulons défendre. Une politique économique qui doit assurer le juste équilibre entre liberté d’entreprise, liberté économique, esprit de justice et d’équité.
L’autre sur l’Europe, autour de Brigitte FOURE, dans la perspective de rénover le projet européen qui est au fond de nos cœurs. Et nous lançons avec Jean-Pierre RAFFARIN et Hervé NOVELLI, les Séminaires des Centres. Le premier aura lieu le 18 septembre prochain, à Epaignes, sur l’Europe. Les séminaires des centres ne sont font pas avec nous mais autour de nous.

Ce premier séminaire des centres sur l’Europe sera ouvert par le père fondateur de l’UDF, Valéry GISCARD D’ESTAING, lui qui a su construire ce parti du centre et du centre droit. Lui qui avait eu l’intuition géniale que les centres éclatés devaient se réunir pour permettre au centre de peser face au parti conservateur de l’époque, le RPR.
Si nous avons choisi de consacrer ce premier séminaire à l’Europe, c’est parce que l’Europe est un sujet qui nous réunit depuis toujours, nous les centristes. L’Europe est partie prenante de notre identité politique. Nous les centristes, nous ne sommes pas seulement des Européens de raison ; nous sommes avant tout des Européens passionnés et c’est cette passion là qui nous permettra de nous rassembler.

Des Séminaires des centres, nous en aurons régulièrement, tout au long de l’année. J’ai d’ores et déjà confié à Valérie LETARD la préparation du 2e séminaire que nous tiendrons avant la fin de l’année sur le thème essentiel de l’avenir des solidarités, pour et poser aussi la question de l’humanisme.

Aujourd’hui, nous sommes ainsi en ordre de marche et résolument tournés vers l’action.

Parce que l’action, c’est le mandat que nous ont confié les Français en 2007 pour prendre toute notre part aux réformes nombreuses, courageuses et nécessaires dont le pays a besoin.
Oui, 2007, ce moment où le Nouveau Centre a vu le jour, renonçant à une opposition confortable mais inutile.

Car aux commentaires, nous préférons l’action.
Car à l’imprécation, nous préférons la responsabilité.

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de remettre la France en mouvement.
Il s’agit de rattraper notre retard dans la compétition mondiale.
Il s’agit de mieux préparer l’avenir et faisant enfin les réformes structurelles que les gouvernements successifs ont toujours remis à demain.
Car à force de remettre à demain les réformes, les indicateurs de la maison France se sont installés dans le rouge depuis des années et des années.
Je pense à notre déficit budgétaire structurel : songez qu’il faut remonter à 1980 – il y a 28 ans – pour retrouver un budget en équilibre. C’était sous Raymond BARRE… 40 milliards d’euros, c’est devenu notre déficit de croisière. Et 28 ans de déficits cumulés, c’est aujourd’hui 1 300 milliards de dette, qu’il nous faut bien rembourser. Votre impôt sur le revenu suffit à peine à rembourser les seuls intérêts de la dette.

Je pense à notre déficit commercial. Et ce n’est pas l’euro, le coupable ! Avec la même monnaie, nos voisins allemands s’en sortent bien mieux que nous !

Je pense au faible taux d’emploi des jeunes, sensiblement inférieur à celui de nos principaux partenaires européens. De dix points inférieurs en moyenne à nos partenaires européens.

Je pense au trop faible nombre de brevets déposés par nos entreprises. On dépose en France deux fois moins de brevets qu’en Allemagne. Pourquoi ?

Je pense enfin à la difficulté qu’ont nos universités à apparaître dans les grands classements internationaux.

Dès lors, comment ne pas s’engager franchement dans la voie des réformes ? Et nous voulons être le parti de la réforme et de la modernité.

Puis-je rappeler l’ensemble des réformes que nous avons menées dans la majorité présidentielle depuis plus d’un an.
60 projets de loi qui ont été adoptés par Parlement depuis le début de la législature.
L’alignement des régimes spéciaux de retraites sur les autres régimes de retraite : c’était justice que de le faire !
Le service minimum dans les transports : on en parlait depuis 20 ans.
Tout comme l’autonomie des universités que personne n’osait faire !
Et nous avons aussi ouvert le chantier des grandes réformes sociales : le dialogue social, le contrat de travail, la représentativité syndicale et bien sûr, les 35 heures. Voilà 10 ans que nous étions tétanisés sur cette question. Nous avons tenu nos promesses ! Nous avons fait ce que nous avions dit pendant la campagne présidentielle.

La modernisation de l’Etat est notre priorité quotidienne.
La fusion ANPE / Unedic, c’est fait !
La réforme des impôts et de la compatibilité publique, c’est fait !
La fusion DDE-DDA, c’est encore nous !
Et je n’ose parler de la réforme profonde du ministère de la défense dont nous avions absolument besoin pour moderniser notre outil de défense.

Ces réformes, nous les avons voulues. Ces réformes nous les avons portées avec nos différences. Mais ces réformes nous les avons faites.

Ce sont ces réformes structurelles internes qui nous permettront d’avoir à terme un niveau de croissance au moins égal à ceux de nos voisins européens. Depuis 1995 la France connaît en moyenne un point de croissance de moins que nos voisins européens. Parce que nous aurons fait ces réformes structurelles, lorsque la croissance mondiale reviendra, la France sera en mesure d’engranger les bénéfices de ces réformes structurelles.

Voilà pourquoi, à travers toutes ces réformes, j’ai le sentiment que le pari que nous avons fait en 2007, entre les deux tours de l’élection présidentielle, était le bon.

Nous avons refusé d’être dans l’incantation ; nous avons choisi d’être dans l’action.
Nous avons refusé d’être dans l’abstention ; nous avons choisi d’être ceux qui participent à la réforme.

Et s’il y a bien une réforme qui justifie notre choix, c’est la réforme institutionnelle.
Car cette réforme c’était la notre, c’était celle de l’UDF ! Des droits nouveaux pour les citoyens, comme le droit d’initiative populaire que nous avons fait inscrire dans la Constitution, l’impartialité de l’Etat notamment pour éviter que certaines nominations relèvent du copinage politique, le rééquilibrage du pouvoir au bénéfice du Parlement. Cela fait des années que nous voulions cette réforme. Aujourd’hui, nous l’avons !

Dès le 22 septembre prochain se tiendra un débat à l’Assemblée nationale puis au Sénat, suivi d’un vote. Ce débat et ce vote porteront sur l’engagement de nos forces en Afghanistan. Et bien, ce n’est rien d’autre que l’application du nouvel article 35 de la Constitution.
Quoi de plus naturel que de permettre au Parlement de se prononcer régulièrement sur l’envoi de nos soldats dans le cadre d’opérations extérieures ?

Mes Chers amis,

Les réformes sont engagées mais, c’est vrai, les Français restent inquiets. Ils s’interrogent. Beaucoup d’entre eux redoutent les lendemains.
Je sais bien que les motifs de préoccupation ne manquent pas.
Je sais bien que la question du pouvoir d’achat est réelle. Elle est légitime. Les Français ont raison de nous interpeller sur ce point. Nous devons leur répondre.

De même, sur le plan international, incontestablement, la situation est compliquée. Nous devons contenir la prolifération nucléaire, nous devons combattre le terrorisme qui est une menace permanente, nous devons faire face à de nouvelles crises. Les affrontements de cet été entre la Russie et la Géorgie sont venus nous rappeler brutalement qu’à nos portes, les risques de crises n’ont pas totalement disparu.

Mais si les Français sont inquiets, c’est aussi parce que la mondialisation brouille les repères sur lesquels notre société s’est construite depuis un demi-siècle. Elle bouscule nos habitudes et nos certitudes. Elle bouleverse l’ordre du monde en faisant la part belle aux puissances émergentes.

Oui, mes chers amis, le monde change. Il change vite, de plus en plus vite. Et c’est une donnée sur laquelle nous n’avons pas de prise.

Mais la mondialisation, nous y participons. Nous pouvons l’infléchir. Nous pouvons l’inspirer.
Notre projet, c’est la liberté, et pas seulement la liberté économique.
Il est faux de dire que la mondialisation condamne le modèle français. Elle en révèle les faiblesses, ce qui est différent, et elle nous contraint à les corriger.
Elle nous pousse à rechercher les nouveaux gisements de la croissance économique.
Elle nous conduit à réhabiliter le travail, que nous avons découragé à coups de 35 heures et de charges excessives.

C’est pour cette raison que le Revenu de Solidarité Active (RSA) représente une opportunité sans précédent pour sortir de ce cercle vicieux que nous avons tant dénoncé lors de toutes nos campagnes électorales.
Je veux rendre hommage à l’action menée par Martin HIRSCH. Voici en effet une réforme majeure, que je soutiens sans réserve.
Nous qui nous sommes tant battus pour le « i » de RMI,
Nous qui nous sommes tant élevés contre les trappes à pauvreté,
Nous aurons enfin, avec le RSA, un dispositif adapté à la reprise d’activité et une réelle incitation financière au travail.

C’est vrai, mon cher Jean-Christophe, que le financement de cette mesure suscite des interrogations, au sein même de la majorité. C’est le rôle même du débat parlementaire que de répondre à cette interrogation. Si on renforce les droits du Parlement, ce n’est tout de même pas pour considérer que le projet du gouvernement n’est pas amendable C’est au contraire pour considérer que le Parlement doit jouer tout son rôle. Et d’ailleurs, le Parlement n’a-t-il pas d’abord été créé pour voter l’impôt ?

Fallait-il pour autant créer une nouvelle taxe ?
Selon nous – et nous en avons parlé lors de notre dernier comité exécutif – des solutions alternatives méritent d’être étudiées. C’est pour cela que je mets dans le débat, au sein de notre parti, une alternative : soit le plafonnement de niches fiscales, soit la limitation des exonération de charges sociales liées aux 35 heures, pour toute une série de grands groupes dont aucune des décisions d’investissement ne correspond à la problématique de l’exonération de charges sociales ?

Faut-il pour autant prévoir une première exception au bouclier fiscal ?
Dans le contexte de concurrence dans lequel nous nous trouvons, on ne peut pas tenir un double discours : d’une part affirmer qu’un niveau de fiscalité excessif décourage l’investissement, provoque les délocalisations et empêche la création d’activité ; et d’autre part, déroger à la règle du bouclier fiscal un an seulement après sa création. Ceci porterait un coup très dur au pacte de confiance que nous avons conclu avec les contribuables. Il faut au contraire veiller à maintenir ce lien de confiance que nous tentons de créer entre le contribuable et le pouvoir politique.

Je crois ainsi, après ce que je viens de vous dire, qu’il est possible de ne pas toucher au bouclier fiscal tout en mettant en place une mesure dont le financement serait tout à fait équitable. Et c’est un objectif que nous nous sommes fixé.

Mes Chers amis, libérer la croissance, porter la liberté, mais aussi faire en sorte que nous ayons une société plus solidaire, déployée dans toutes ses dimensions : générationnelle, territoriale, culturelle, technologique.
Pour cela, nous avons aussi besoin d’inventer de nouvelles formes de solidarités. Je suis convaincu que nous avons un immense chantier à ouvrir : celui des solidarités intermédiaires. A côté des grands systèmes de solidarité, il existe un grand nombre de solidarités collectives capables de répondre aux préoccupations et aux problématiques de nos compatriotes. Il faut développer ces solidarités intermédiaires. Je pense au mutualisme, au secteur coopératif, aux branches professionnelles, aux fondations, au syndicalisme, au monde associatif, Je souhaite que nous fassions des propositions qui permettent de sortir du « tout distribution » ou des systèmes qui mettent en cause un certain nombre de principes auxquels nous croyons.

Le libéralisme ne doit pas seulement être économique. Il est aussi politique.
Comment vous parler de liberté sans vous faire part de ma réflexion sur « Edvige », ce fameux fichier qui fait tant couler d’encre ces derniers jours.
De quoi s’agit-il exactement ?
Il s’agit d’un nouveau fichier de renseignements qui est la conséquence directe de la fusion des renseignements généraux (les RG) avec la DST. Cette fusion a donné naissance à une nouvelle direction du ministère de l’Intérieur: la direction centrale du renseignement intérieur.
« Edvige » c’est donc le fichier dont disposera l’Etat pour centraliser des informations sur les personnes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public.
« Edvige » suscite la colère de nombreuses associations et partis politiques de gauche dont le parti socialiste. Mais je veux rappeler un moment de vérité et d’histoire. Car ce fichier n’est en réalité que la reprise de deux décrets datant de 1991, quand Edith CRESSON était Premier ministre.
Je veux rappeler que nous avons évidemment besoin de fichiers pour assurer la sécurité de nos compatriotes. On sait leur utilité pour lutter contre la délinquance et la criminalité sexuelle. Mais en l’espèce, les informations qui seront collectées, si je me réfère à la lecture du décret du 1er juillet 2008, sont elles toujours bien nécessaires ? Je voudrais poser un certain nombre de questions : est-il utile, pour assurer la sécurité de nos compatriotes, de centraliser les informations relatives aux personnes physiques ayant seulement « sollicité » un mandat politique ou syndical ? Est-il utile que l’on y intègre les coordonnées téléphoniques ? Est-il nécessaire d’y intégrer des éléments relatifs à l’immatriculation des véhicules de personnes ayant exercé des mandats ? Est-il utile d’intégrer des informations d’ordre fiscal et patrimonial ? Est-ce bien nécessaire de ficher les personnes jouant selon les termes même du décret, « un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif »?

N’y a-t-il pas là un curieux mélange des genres ? Voilà en tout état de cause un sujet qui nous interpelle tous. Dans une société où les nouvelles technologies sont partout, la question des nouvelles libertés est fondamentale. Ces libertés, qu’elles soient individuelles ou collectives, il faut définir le cadre juridique et politique de leur expression. Car si Internet est un formidable espace de liberté, c’est aussi une menace permanente sur nos propres libertés individuelles, et sur notre droit à la protection de la vie privée.
Voilà des sujets majeurs sur lesquels nous devons travailler. Je souhaite que sur la question de l’émergence et de la protection des nouvelles libertés individuelles, collectives, politiques, nous soyons fer de lance au sein de la majorité. Pour ma part, je ferai des propositions au début de l’année prochaine sur ces sujets car, me semble-t-il la France a trop longtemps oublié la question de la liberté.

Mes chers amis, la France est le pays de la liberté et l’humanisme. Mais la France est aussi un pays qui doit assumer les responsabilités d’une grande puissance.

Car la France n’est pas un pays comme les autres.

Nous sommes membre permanent du Conseil de sécurité.
Nous sommes membre fondateur de l’Union européenne.
Nous sommes une des 4 ou 5 grandes puissances militaires du monde et nous disposons de l’arme nucléaire.
Nous sommes la 5e puissance économique de la planète, en dépit de nos difficultés.
Tout ceci nous confère une place éminente dans le monde. Tout ceci nous donne une influence majeure. Une singularité qui nous confère des devoirs.

Le premier des devoirs, c’est d’œuvrer activement pour la sécurité et pour la stabilité du monde. C’est tout le sens de notre engagement en Afghanistan.
Dois-je rappeler que c’est Lionel JOSPIN et Jacques CHIRAC, qui dans un élan d’unité nationale si rare dans notre pays, ont décidé, d’un commun accord en 2001, l’envoi de nos troupes en Afghanistan ?
Dois-je rappeler que la communauté internationale intervient dans le cadre d’un mandat des Nations Unies, renouvelé chaque année ?
Dois-je rappeler que 39 pays sont aujourd’hui présents en Afghanistan et parmi eux, 25 des 27 Etats membres de l’Union européenne ?
Dois-je rappeler la terreur pratiquée par le régime taliban et la négation des droits de l’homme et de la femme, avant l’arrivée de la communauté internationale ?
Dois-je rappeler, même si cela n’apparaît pas encore suffisamment, les progrès accomplis depuis 7 ans ? Nous construisons des routes :( 4 000 kilomètres contre 50 en 2001), des écoles ( 6 millions d’enfants scolarisés alors que les jeunes filles n’étaient pas scolarisées en 2001) et des hôpitaux (80 % des Afghans ont aujourd’hui accès au système de santé contre 10 % en 2001) et nous formons l’armée afghane (50 000 hommes aujourd’hui et près de 80 000 hommes à la fin de l’année). Cette mission que nous effectuons, même si elle est à 7000 kilomètres de nos frontières, c’est une mission que nous effectuons par la sécurité de nos propres concitoyens. Car l’Afghanistan en 2001, c’était le foyer du terrorisme international.

Oui, le 18 août, dix de nos soldats ont payé du sacrifice ultime de leur vie dans l’accomplissement de leur devoir. Ils sont morts en combattant contre le terrorisme et pour notre liberté. Je veux, avec vous, ici à nouveau leur rendre hommage et saluer leur courage. Je veux leur témoigner une nouvelle fois ma reconnaissance et notre reconnaissance.

Nous n’avons pas le droit de tomber dans le piège que veulent nous tendre les Talibans : celui de la faiblesses d’opinions publiques occidentales par essence fragiles. Ne tombons pas dans leur piège ! Soyons unis, unis dans le combat contre le terrorisme, unis dans la défense des droits de l’homme, unis derrière nos soldats qui ne comprennent pas ce qui se passe et les débats qui heurtent une grande partie de l’opinion publique.

A ceux qui nous disent qu’il faut changer de stratégie, je leur demande: mais quelle stratégie ? Comment pourrions concevoir un seul instant que la France, membre permanent du Conseil de sécurité, membre fondateur de l’Union européenne et actuellement en charge de la présidence du Conseil de l’Union, puisse du jour au lendemain annoncer son retrait aux 38 autres membres de la Communauté internationale. Ce serait une démission et une faute grave.
Nous n’avons qu’un seul devoir, c’est de continuer une épreuve certes difficile mais qui est indispensable pour notre sécurité et pour la stabilité du monde

Mes Chers amis,

Je voudrais conclure par l’Europe. L’Europe, c’est un idéal pour nous.

Initialement, l’Europe a été pensée pour pacifier notre continent. Ce projet ne sera jamais périmé. Mais la globalisation nous conduit à le compléter ou à penser différemment l’Union.

Aujourd’hui, pour nous, centristes européens, le projet d’une Europe pour le monde demeure. L’Europe doit nous protéger des effets négatifs de la mondialisation : du terrorisme, des nouvelles criminalités, des nouvelles pandémies, du réchauffement climatique, de l’immigration dérégulée, du capitalisme sauvage, et en particulier les délocalisations réalisées à coups de dumping fiscal et social. La compétition, oui. Pas la jungle ! C’est cela, le modèle européen.

Mais l’Europe doit avoir une nouvelle ambition : celle de projeter son modèle et de le faire partager avec le reste du monde. Je souhaite que nous portions cette ambition lors des prochaines élections européennes. Il s’agit de partager les valeurs de liberté, d’humanisme, de solidarité et de tolérance.

Nous devons défendre une Europe conquérante, capable d’emporter des marchés tout en déployant le modèle social qui fonde notre identité : c’est-à-dire la croissance économique et la dignité humaine.
Une Europe qui sache faire entendre sa voix dans les affaires du monde, comme elle vient de le prouver en affichant son unité comme jamais dans la question du Caucase.

L’évolution du monde nous impose de nous regrouper pour peser face aux géants qui se constituent. Quand la France parle seule à la Chine, elle pèse peu. Mais quand l’Europe s’adresse unie à la Russie, elle est alors capable de peser beaucoup plus. Quand l’Europe est unie, quand elle sait porter un projet et une ambition, elle devient alors en mesure de faire bouger les lignes.

En conclusion, je voudrais vous dire une seule chose.

Au printemps 2009, nous participerons à la compétition électorale. Y participer comment ? Soit sur des listes autonomes, soit dans le cadre de listes parfois autonomes ou de listes avec nos camarades de l’UMP, soit pourquoi pas sur des listes complémentaires avec celles de l’UMP et avec des têtes de liste qui seraient Nouveau Centre. Mais ce que je sais, c’est qu’à un moment ou à un autre, nous devrons en effet porter notre ambition électorale, parce qu’un parti politique n’existe que s’il sait aller directement à la rencontre des électeurs et des urnes.

Ce que je vous demande, si ce n’est pas pour les élections européennes, c’est que nous soyons prêts pour les régionales afin de porter là aussi un des grands projets qui est le notre : celui d’une décentralisation rénovée, celui d’une décentralisation modernisée, celui d’une décentralisation qui a enfin fait le ménage dans tous les échelons de nos collectivités locales. Nous allons porter notre contrat et notre projet de société. Il nous reste désormais à nous préparer pour les prochaines échéances électorales, européennes et régionales. C’est à cela que je vous invite pour les prochaines années.

08:00 Publié dans UDI | Lien permanent | Commentaires (0)

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