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jeudi, 06 mars 2008

L'Espagne aussi vote dimanche

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Le parti socialiste (PSOE) dirigé par le Premier ministre sortant José Luis Zapatero s’achemine vers une victoire aux élections législatives de dimanche. Les sondages réalisés au terme du débat télévisé lundi 3 mars qui opposait Zapatero au candidat de la droite, Mariano Rajoy, ont confirmé l’avance du PSOE d’au moins quatre points.

"Zapatero a creusé l’écart", confirme Adeline Percept, correspondante de France 24 à Madrid. "Mariano Rajoy est apparu comme un homme du passé se contentant de critiquer les quatre dernières années de gouvernement."

Pourtant l’élection ne semble pas susciter le même enthousiasme qu’en 2004 quand, porté par un sursaut populaire, le PSOE avait créé la surprise en défaisant le Parti populaire (PP) de José Maria Aznar, sanctionné pour sa mauvaise gestion des attentats de Madrid de mars 2004.

"Durant la campagne, les partis sont restés extrêmement vagues sur certains problèmes compliqués comme l’organisation de l’Espagne ou l’immigration", note Barbara Loyer, de l’Institut français de géopolitique à l’Université Paris VIII.

Dans un éditorial du 3 mars, le fondateur du quotidien pro-gouvernemental El Pais Juan Luis Cebrian dénonçait "l’utilisation permanente de la peur par les politiques, pour s’attirer des sympathies et obtenir des adhésions." La critique visait surtout M. Rajoy , accusé de faire une campagne anxiogène en concentrant ses attaques sur l’économie et la politique d’immigration. Barbara Loyer tempère ces critiques. Pour elle, la gauche espagnole aime agiter l’épouvantail du franquisme en accusant le PP de catastrophisme.

Promesses électorales sur fonds de ralentissement économiques

Ce qui change la donne en 2008, c’est l’économie, qui donne des signes d’essoufflement. Après des années de croissance annuelle de plus de 3,5 %, les projections pour 2008 ne dépassent pas 2 %. La hausse du taux de chômage pourrait atteindre 9 % d’ici la fin de l’année et le taux d’inflation est élevé, autour de 4,4 % pour le seul mois de février 2008.

"José Luis Zapatero a réussi à faire passer un message clair en attribuant les difficultés au ralentissement de l’économie mondiale et aux conséquences de la crise des subprimes", explique Adeline Percept, ajoutant : "Zapatero répète que l’Espagne garde un des plus fort taux de croissance européen et qu’elle a dépassé l’Italie en terme de PIB par habitant."

Malgré la présence de nombreux partis, la campagne est dominée par la lutte entre les deux grands partis. Les dirigeants du PP et du PSOE rivalisent de promesses en direction des jeunes et les classes moyennes, les plus touchés par le chômage et la hausse des prix. Mariano Rajoy promet des exonérations fiscales pour les bas salaires alors que Zapatero s’engage à relancer la croissance par l’augmentation du salaire minimum, du minimum vieillesse et la création d’une allocation-logement pour les jeunes.

Dans ce contexte difficile, la question de l’immigration a pris un tour particulièrement polémique. Mariano Rajoy a mis au centre de sa campagne le thème des immigrés en accusant le PSOE de laxisme pour avoir régularisé en 2005 près de 700 000 travailleurs clandestins. Le conservateur a promis l’adoption de mesures contraignantes, dont un contrat d’intégration par lequel les étrangers s’engageraient à respecter les coutumes espagnoles et veut empêcher toute future régularisation massive.

Mais la question nationale n’a finalement pas occupé la place que certains, comme Barbara Loyer, attendaient. Le PP s’est contenté de critiquer l’octroi d’un statut donnant plus d’autonomie à la Catalogne et les velléités de négociations du PSOE avec les indépendantistes basques, l’accusant de solder l’unité nationale.

Quant au grand chantier social ouvert sous le gouvernement socialiste, la légalisation du mariage et de l’adoption pour les couples homosexuels, l’autorisation de la recherche sur les cellules souches ou la fin de l’éducation religieuse obligatoire, il semble avoir remporté l’aval d’une population qui se prononce à 80 % catholique.

En cas de victoire des socialistes, reste à voir de quelle majorité ils disposeront pour former un gouvernement. C’est l’absence de majorité absolue qui avait fait chuter Felipe Gonzales en 1996, ouvrant la voie à huit ans de règne PP.

Selon Adeline Percept, le PSOE pourrait faire appel à la Gauche unie (IU) pour former une majorité. Ce parti serait prêt à monnayer sa collaboration au prix d’une remise à plat de la loi sur l’IVG. Un sujet que le parti de M. Zapatero s’est attaché à éviter de peur se mettre une majorité d’électeurs contre lui.

 

08:00 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (0)

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