Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 04 mai 2022

Discours prononcé lors du Concert de soutien au Peuple Ukrainien*

Ukraine.jpgMesdames et Messieurs, Chers amis de la Paix,

 

« Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains. Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde […] entre Paris et Londres, entre Saint-Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens.

Un jour viendra où l’on verra […] les États-Unis d’Amérique et les États-Unis d’Europe, […] se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies.

Et Français, Anglais, Belges, Allemands, Russes, Slaves, Européens, qu’avons-nous à faire pour arriver le plus tôt possible à ce grand jour ? Nous aimer. Nous aimer ! […]

Il y aura sur le monde un flot de lumière. Et qu’est-ce que c’est que toute cette lumière ? C’est la liberté. Et qu’est-ce que c’est que toute cette liberté ? C’est la paix ».

Ainsi s’exprimait Victor Hugo, le 21 août 1849, au Congrès des Amis de la Paix Universelle, à Paris. Hélas, depuis ce grand discours humaniste, les Hommes n’ont cessé de se faire la guerre. Seule la création de l’Union européenne, dont les prémices se situent en 1950 avec le discours de l’Horloge de Robert Schuman, a apporté une forme d’espérance au monde et à notre continent durant ces dernières décennies.

Pourtant, depuis le 24 février, comme le titrait le journal Libération dès le lendemain, nous assistons à L’impensable. La guerre est de retour aux portes de l’Union européenne, sur le sol de l’Ukraine. Et il ne s’agit pas d’un conflit interne résultant d’un problème national mais d’un procédé que l’on pensait révolu en Europe : l’invasion d’une nation par une autre. Près d’un mois après, le bilan est déjà très lourd à ce jour : 19 000 morts, 2000 blessés, 10 millions de personnes déplacées, 1700 bâtiments détruits et 108 milliards d’euros de dommages matériels.

Oui, nous assistons avec indignation et inquiétude à la violation, par le gouvernement russe, de la souveraineté nationale et territoriale de l'Ukraine. Cette atteinte, extrêmement grave, aux libertés d'un peuple et d'un Etat démocratique, nous choque et nous affecte profondément. Aussi, par notre présence ici ce soir, nous apportons symboliquement tout notre soutien au peuple ukrainien et lui exprimons notre plus entière solidarité. Nos pensées vont particulièrement aux responsables politiques et aux habitants des villes d’Ukraine et notamment de Lviv et de Kharkiv avec lesquels les équipes municipales et les associations d'Amiens ont coopéré pendant plusieurs années, dans les domaines de la démocratie locale et de la jeunesse. Pour l'heure, nous nous joignons à la douleur des familles endeuillées par la mort de soldats ou de civils et apportons notre plus complet soutien à  Volodymyr  Zelensky, Président de l'Ukraine, qui doit s’exprimer demain par visio devant l’Assemblée Nationale française, et à son peuple. Plus que jamais, nous sommes animés du désir et de l'ambition de faire de notre Ville une capitale européenne de l'interculturalité et de l'amitié entre les peuples.

C’est pourquoi je remercie tous les partenaires qui ont rendu possible le temps fort que nous vivons ce soir : merci aux élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional, à l’Agence régionale du livre et de la lecture ainsi qu’à l’Orchestre de Picardie, mené par Arie van Beek. Je n’oublie pas à cette occasion de mentionner que notre orchestre régional comprend des musiciennes et musiciens de toutes nationalités, y compris russes, qui n’ont toutes et tous qu’un seul dessein pour notre monde : l’établissement de la Paix et du vivre-ensemble, sans lesquels rien n’est possible.

Merci également à Pierre Savreux, Vice-président d’Amiens Métropole délégué à la Culture et au Patrimoine ainsi qu’à Sébastien Auchart, directeur de l’action culturelle et du patrimoine et à l’ensemble des services de la Ville, de la Métropole et du Cirque Jules-Verne, pour leur précieuse aide technique et logistique.

J’ajoute que les Amiénoises et les Amiénois sont mobilisés pour aider les Ukrainiens. Vous pouvez retrouver toutes ces initiatives et y apporter votre soutien sur le site Internet de la Ville et de la Métropole : amiens.fr. Je signale à ce propos que le concert de ce soir est organisé en soutien à la Croix-Rouge.

Je conclurai mon intervention, si vous le voulez bien, par une anecdote personnelle, en rappelant ceci : à l’occasion de l’entrée dans l’Union européenne de la Pologne, le 1er mai 2004, dont la ville allemande de Görlitz est frontalière, le maire avait invité tous ses homologues des villes jumelées avec Görlitz, dont Amiens. Cet événement était très important pour les habitants car, après la seconde guerre mondiale, la vieille ville, coupée par le fleuve Öder, avait séparé la population entre les dictatures de Pologne et d’Allemagne de l’est. Pour l’occasion, une grande fête avait été organisée sur le pont de la ville. Les Allemands y tenaient beaucoup, tant le souvenir du rideau de fer était intolérable pour eux.  L’image qui restera en moi à jamais est celle-ci : pour symboliser leur entrée dans l’Union européenne, les Polonais attendaient d’un côté du pont et les Allemands de l’autre. Et puis, des enfants polonais portant des costumes très fleuris sont venus main dans la main en chantant l’Hymne à la joie, invitant ainsi les deux Peuples à se rejoindre. Quinze ans après la chute du mur de Berlin et la réunification des deux Allemagne, je peux vous dire que j’ai eu le sentiment à ce moment-là d’assister plus encore à l’unification de l’Europe et à la naissance de la civilisation européenne du droit et de la paix.

Car seules deux choses peuvent faire émerger un monde de Paix :

-En premier lieu, une société administrée par le droit, un droit soucieux du bonheur des citoyennes et citoyens et qui respecte les Droits de l’Homme.

-Et en second lieu, la culture. Car, comme le disait Albert Camus : « Sans la culture, et la liberté relative qu'elle suppose, la société, même parfaite, n'est qu'une jungle. C'est pourquoi toute création authentique est un don à l'avenir ».

 

 

Je vous remercie pour votre attention et pour votre présence ce soir.

Vive la France, vive l’Ukraine, vive l’Europe !

 

 

*22 mars 2022, Cirque Jules Verne, Amiens.