vendredi, 12 octobre 2012
Vendredi Europe Express : Pourquoi la Chancelière Angela Merkel a rejeté le projet EADS-BAE ?
EADS et BAE Systems ont officiellement dressé, mercredi 10 octobre, l'acte de décès de leur projet de fusion. Pourtant, ces derniers jours, les directions des deux groupes d'aéronautique et de défense croyaient bien être parvenues à leur fin. Mais elles n'ont pas réussi à infléchir Angela Merkel et l'Etat allemand. Au point de préférer renoncer. Revue de détail des blocages de la chancelière.
- La parité franco-allemande et la présence étatique au capital
Depuis l'annonce des fiançailles entre EADS et BAE, le 12 septembre, le gouvernement allemand n'avait posé officiellement qu'une seule condition à sa possible approbation : conserver la parité franco-allemande au sein du capital du futur groupe.
Aujourd'hui, au sein d'EADS, les actionnaires français (l'Etat et Lagardère) détiennent 22,5 % du capital, tout comme les actionnaires allemands (Daimler, 15 %, et des banques allemandes, dont la banque publique KfW, 7,5 %).
Vendredi 5 octobre, Londres et Paris étaient tombés d'accord pour que la France comme l'Allemagne détiennent chacune 9 % du futur groupe EADS-BAE.
Paris avait, en outre, obtenu de la Grande-Bretagne, fait-on savoir côté français, le droit à terme de dépasser ce seuil et d'aller au-delà de 9 %. Que ce soit en rachetant les 7,5 % de Lagardère dans EADS ou autrement.
Qui plus est, ce projet de fusion obligeait Berlin à régler dans l'urgence un problème de longue date : la non-participation de l'Etat allemand au capital d'EADS. Au contraire de la France, actionnaire historique du groupe européen.
Seulement voilà, Daimler, comme Lagardère, souhaite se désengager d'EADS. Alors que Tom Enders, le patron d'EADS, ne cesse de plaider pour que les gouvernements sortent du capital de l'entreprise, la fusion aurait poussé Berlin à yentrer, par le biais de la banque publique KfW, la Caisse des dépôts allemande. Et à dépenser au passage 6 milliards d'euros pour racheter la participation de Daimler et être à parité avec Paris.
Les discussions sur une éventuelle participation déclenchaient, depuis longtemps, de vives tensions entre Philip Rösler, le ministre de l'économie et président du Pari libéral, hostile à un engagement de l'Etat, et Angela Merkel et la CDU.
- Le siège, les sites et les emplois
La décision de Tom Enders, tout juste installé à la tête d'EADS, début juin, de transférer à Toulouse les sièges parisien et bavarois d'EADS, a fait craindre en Allemagne qu'un tel scénario se reproduise avec le nouvel ensemble.
La tentative de rapprochement avec BAE Systems a été l'occasion pour Berlin deremettre la question sur la table de l'emplacement du siège. Une demande jugée"déraisonnable" par EADS, car "le choix du siège de la maison est une décision économique".
Surtout, Berlin redoutait que les activités de défense d'EADS, principalement installées en Allemagne, ne fassent les frais de la fusion.
Outre les réductions d'effectifs et des transferts d'activités, Berlin craignait que le centre de gravité du pôle défense du futur EADS-BAE quitte l'Allemagne pour la Grande-Bretagne et BAE.
C'était inenvisageable pour Mme Merkel à un an des élections législatives, mais aussi d'élections en Bavière – où EADS a une grande partie de ses activités militaires.
A ce titre, en Allemagne, nul n'a oublié les déboires de Sanofi-Aventis. En 1998, la fusion "entre égaux" du français Rhône-Poulenc et de l'Allemand Hoechst, pour créer un géant européen de la pharmacie, avait abouti au sacrifice des emplois en Allemagne au profit des sites français.
(Source : Le Monde).
08:00 Publié dans Europe, Vendredi Europe Express | Lien permanent | Commentaires (0)
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