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vendredi, 28 janvier 2011

Selon un sondage, les Français plébiscitent leur monnaie, l'euro

euro.jpgLe sondage de l’Ifop pour France-Soir prend gauche et droite à contre-pied : seule une minorité de Français rêvent d’un retour au franc. 

C’est un coup de tonnerre, en tout cas un résultat inattendu, compte tenu des violentes critiques dont l’euro fait l’objet en France depuis des mois. Un euro qui n’apparaît pas si protecteur que cela, un euro parfois brinquebalant, un euro discuté par les Allemands et présenté par certains comme « en sursis ».

Or, quand l’Ifop demande aux Français – pour les mettre au pied du mur – s’ils souhaitent que leur pays abandonne l’euro et revienne au franc, la réponse tombe, sans aucune ambiguïté : c’est non. 72 % des personnes interrogées (contre 28 % d’un avis contraire) refusent l’idée d’un retour au franc. Et, curieusement, dans les mêmes proportions s’agissant des sympathisants de gauche et des sympathisants de droite : dans les deux cas, 74 % veulent, disent-ils, s’en tenir à l’euro, aussi critiquable et imparfait soit-il. Ils n’imaginent pas une opération… « retour vers le futur ».

Quatre observations peuvent être faites

L’euro est en nette progression. Globalement, c’est, au moins, la réalité dans les têtes en ce début de janvier 2011. Si l’on compare, en effet, les résultats de l’enquête de l’Ifop pour France-Soir avec un sondage réalisé par le même institut en mai 2010, il y a seulement huit mois, le changement est même impressionnant. Les soutiens de l’euro sont passés de 62 % à 72 % (+ 10) et ceux du franc ont, durant la même période, « glissé » de 38 % à 28 % (– 10). Traduction : alors que la monnaie européenne, presque partout en Europe, est contestée, l’écart d’image entre le franc et l’euro s’est accru en France en huit mois, au bénéfice de l’euro, de 20 points (+ 10 et - 10). C’est énorme.

Le coup de cœur des femmes pour le franc. Il ne faut pas exagérer mais, toutes proportions gardées, elles sont plus tentées par un retour au franc que les hommes : 31 % d’entre elles avouent cette tentation-là. Les hommes ne sont que 25 %.
Jeunes et séniors disent oui à l’euro. Par tranches d’âges, et c’est une autre curiosité, les plus attachés à l’euro sont les 65 ans et plus (87 %) juste devant… les 18-24 ans (78 %).

Les extrêmes regrettent le franc. Politiquement, les principaux soutiens du franc – dont certains ont, visiblement, une forte nostalgie des temps d’avant la grande crise financière – sont les électeurs de Marine Le Pen (71 % souhaitent un retour au franc) et, à l’autre bout de l’échiquier, les amis de Jean-Luc Mélenchon et ceux d’Olivier Besancenot (52 % dans les deux cas).

Les écolos et l’UMP champions de l’euro. Les plus grands fans de l’euro – ceux qui, apparemment, ne se posent aucune espèce de question et, en tout cas, ne regardent pas dans le rétroviseur – sont, dans l’ordre, les militants d’Europe-Ecologie regroupés autour de Daniel Cohn-Bendit, Cécile Duflot et Eva Joly (91 % choisissent l’euro), puis les électeurs sarkozystes de l’UMP (91 % aussi) et, juste après, les amis de François Bayrou (89 %). Le plus étonnant, historiquement, c’est la confirmation de la conversion spectaculaire à l’euro de la « famille » gaulliste, longtemps divisée sur ce sujet. Et c’est peu dire.

L’hostilité des ouvriers. Si l’on prend en compte maintenant les catégories socioprofessionnelles, de nouveaux clivages apparaissent et, au fond, pas si surprenants que cela. Où se recrutent d’abord les partisans de l’euro ? Parmi les professions libérales et chez les cadres supérieurs (89 %), bref dans un monde où la mondialisation et la concurrence, a priori, ne font pas peur. Viennent ensuite, ce qui est plus inattendu, les retraités (82 %), peut-être parce qu’eux ont connu la guerre et aussi les dévaluations à répétition (quand le « bouclier » de l’euro n’existait pas). A l’inverse, les plus forts soutiens du franc, on les trouve, proportionnellement, chez les ouvriers (49 % d’entre eux le regrettent), chez les artisans et commerçants (43 %) et chez les employés (40 %). Autrement dit, chez ceux qui souffrent le plus de la crise et de ses conséquences, et voient en l’euro le symbole de la hausse générale du coût de la vie, le symbole des emplois qui filent ailleurs. Bref, le symbole d’un monde très dur.

A l’approche de la présidentielle, les politiques des deux camps seraient bien inspirés de ne pas oublier ces électeurs-là qui, sinon, sauront se rappeler à eux à l’heure du vote. Il reste que la première leçon de ce sondage est que l’euro – qui l’eût cru ? – a des amis en France. Et des « amis » nombreux et qui regardent droit devant eux. C’est un démenti de plus adressé aux professionnels du pessimisme. Politiquement, alors que l’Europe s’interroge, c’est un événement.

Enquête exclusive réalisée par l’Ifop pour France-Soir les 5 et 6 janvier 2011 auprès d’un échantillon national représentatif de 1.007 personnes âgées de 18 ans et plus. Méthode des quotas.

 

(Source : Dominique de Montvalon, France Soir du 7 janvier 2011).

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