FRANCE-SOIR. Le Nouveau Centre, après avoir voulu présenter des listes autonomes, a entamé des négociations avec l’UMP pour la constitution de listes uniques de la majorité. Où en êtes-vous ?
HERVÉ MORIN. Nous nous sommes rencontrés une première fois mardi mais pour le moment nous ne sommes pas encore parvenus à un accord. Pour nous, le compte n’y est pas. La force politique que représente le Nouveau Centre aujourd’hui peut légitiment revendiquer la tête de liste dans trois régions et 20 % des têtes de listes départementales. Deux têtes de listes régionales semblent acquises.
Valérie Létard (secrétaire d’Etat à l’Environnement) dans le Nord-Pas-de-Calais et François Sauvadet (président du groupe à l’Assemblée) en Bourgogne. D’autres chefs de files du Nouveau Centre pourraient conduire une liste de la majorité. Sur la vingtaine de têtes de listes départementales que nous revendiquons, le consensus se limite pour le moment à onze départements, avec par exemple André Santini dans les Hauts-de-Seine, Olivier Jardé dans la Somme, Philippe Vigier en Eure-et-Loir ou encore Nicolas Perruchot dans le Loir-et-Cher. Nous serons vigilants sur la place de nos candidats sur les listes, car ils incarneront la nouvelle génération d’élus que nous voulons promouvoir au Nouveau Centre.
Ces élections seront les dernières du genre avant la réforme territoriale ; celle-ci entraînera une réduction du nombre d’élus et sera accompagnée d’une réforme du mode de scrutin pour l’élection des futurs conseillers territoriaux. Pourquoi critiquez-vous la formule qui est dans les tuyaux, le scrutin de liste à un tour ?
Un mode de scrutin doit permettre la constitution de majorités stables, la juste représentation des territoires et l’expression du pluralisme politique. Au Nouveau Centre, nous sommes favorables à une formule avec une moitié d’élus au scrutin majoritaire et l’autre moitié à la proportionnelle, comme c’est le cas en Allemagne. Or le projet de scrutin envisagé pour l’avenir est une fausse combinaison de scrutin majoritaire à un seul tour et de proportionnelle, qui n’a jamais été appliqué en France, et qui, en l’état actuel des choses, est fait pour l’UMP et le PS !
Pour cristalliser une majorité, il faut deux tours de scrutin, et pour permettre l’expression du pluralisme, il faut une vraie part de proportionnelle. Un mode de scrutin doit être compréhensible par les Français. Ce qui n’est pas le cas du projet actuel. J’ai fait connaître mon opposition à ce projet. Le président de la République et le Premier ministre m’ont laissé entendre qu’ils étaient prêts à réexaminer cette question.
Nicolas Sarkozy est à mi-mandat et c’est l’heure d’un bilan d’étape de son action ; comment la jugez-vous ?
A la mi-mandat, Nicolas Sarkozy a un bilan exceptionnel. Il a engagé un nombre de réformes structurelles considérables dans une France qui vivait depuis vingt-cinq ans un lent et tranquille déclin. Je rappelle qu’en 2007 la France avait depuis dix ans une croissance inférieure à la moyenne européenne. Tranquillement mais sûrement, les indicateurs viraient au rouge ! J’en veux pour exemple qu’avec la même monnaie, l’Euro, les Allemands dégageaient 170 milliards d’excédents commerciaux alors que notre balance commerciale était déficitaire de 57 milliards d’euros.
Depuis deux ans et demi, sous l’impulsion du chef de l’Etat, on a mené des réformes structurelles majeures : les régimes spéciaux de retraites, les heures supplémentaires, le RSA, la réforme hospitalière, le Grenelle de l’environnement, l’autonomie des universités, le service minimum dans les transports, la réforme de nos armées… dans un contexte de crise économique et financière historique où la France a été leader pour trouver des solutions et fédérer les énergies.
Pendant deux ans et demi, on s’est beaucoup occupé de la France ; désormais, il faut démontrer aux Français qu’on s’occupe d’eux et que les réformes structurelles sont faites pour eux ! Il faut maintenant qu’on s’adresse davantage aux Français. Ils vivent dans un profond sentiment d’inquiétude, voire de déclassement social qui est un sentiment plus qu’une réalité. Nos compatriotes doivent retrouver confiance dans l’avenir. Il faut congédier les doutes et montrer les coins de ciel bleu !
Comment ?
Le Nouveau Centre porte au sein de la majorité l’idée d’une société apaisée dans laquelle on cesse d’opposer les Français les uns aux autres… les fonctionnaires aux salariés du privé, les dirigeants aux employés, les élites aux classes populaires… Or la réussite des uns dépend de la réussite des autres. C’est en reconnaissant le rôle de chacun que notre pays sera en mesure d’affronter l’avenir. Notre société vit d’abord dans la reconnaissance de l’argent. Je veux porter la reconnaissance des fonctions sociales majeures qui structurent notre société : l’éducation, la santé, la culture, la recherche… C’est le message que nous portons au Nouveau Centre, nous qui sommes les héritiers de l’UDF !
Vous venez d’effectuer une tournée en Amérique latine et vous êtes allés au Brésil. Où en est la négociation pour la vente des Rafale à ce pays ? La France doit-elle consentir des rabais allant jusqu’à 40 % pour obtenir la signature définitive du contrat ?
Les chiffres qui ont été publiés sont des fariboles ! Vendre un avion nécessite des négociations extrêmement longues. C’est faire le choix d’un système d’armes et d’une technologie pour plus de quarante ans. Les négociations intègrent également le choix des radars, des systèmes de contre-mesures, des missiles, de la maintenance que vous mettez en place… entre le moment où vous donnez votre préférence pour un avion de combat et le moment où vous signez, il se passe forcément entre six mois et un an.
Il faut aussi savoir que dans ces négociations, derrière le Rafale, il y a un GIE (groupement d’intérêts économiques) qui comprend de nombreux industriels différents. Dassault n’est pas seul face à l’armée de l’air brésilienne.
Thales, Safran, MBDA, beaucoup d’industriels différents participent aux négociations. C’est une discussion délicate, compliquée, qui engage la France avec un partenariat industriel et des transferts de technologie. Les négociations progressent dans un climat de confiance parce que la France et le Brésil ont toujours tenu leurs engagements et la volonté politique du Brésil est sans faille.
Quelles réflexions vous ont inspiré la célébration de l’anniversaire de la chute du mur de Berlin ?
Derrière la chute du mur, extraordinaire symbole de liberté retrouvée, je vois d’abord l’effondrement du système communiste, et la réunification politique de l’Europe autour des valeurs des droits de l’homme.
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