mercredi, 18 juin 2008
Le référendum irlandais : c'est non!
Jeudi dernier, la majorité des électeurs irlandais a rejeté le Traité de Lisbonne, alors pourtant que 90% des parlementaires en Europe étaient favorables à ce traité.
Sans chercher à culpabiliser le peuple irlandais (nous serions mal placés pour le faire), il nous faut comprendre ce vote.
Plusieurs explications ont été avancées: la situation intérieure de l'Irlande, les sujets abordés pendant la campagne électorale qui n'avaient que peu à voir avec le traité, le "désamour" réel ou supposé à l'égard de l'Europe et de ses institutions (les "technocrates de Bruxelles", chargés de tous les maux: comme si à Paris, Berlin ou Lisbonne, il n'y en avait aucun ainsi que l'a souligné malicieusement le commissaire Barroso ce mardi devant les parlementaires européens réunis en session à Strasbourg).
Toutes ces explications sont probablement pour partie vraies. Toutefois elles me semblent incomplètes. En effet ce scrutin, comme d'autres et comme les cotes de popularité de ceux qui nous gouvernent , me semblent traduire une grave crise de la représentativité démocratique.
En effet, pendant longtemps, l'élu était celui à qui on confiait le gouvernail d'une ville, d'un département ou d'un pays. On lui demandait de préparer l'avenir. Il agissait durant son mandat sans consulter les habitants et il rendait compte de sa gestion à l'issue. C'était le mécanisme de la démocratie représentative.
Mais depuis quelques années, les habitants expriment le souhait d'être associés aux décisions tout au long du mandat et de donner leur avis sur les sujets les plus divers. C'est ce que l'on appelle la démocratie participative ou encore la participation citoyenne. Relativement facile à mettre en oeuvre à l'échelle d'une ville, elle pose de réelles difficultés pour un territoire plus large... et elle trouve aussi ses limites.
Il faut donc inventer de nouvelles formes de consultation des habitants et de prise en considération de leurs souhaits. Mais paradoxalement, le traité de Lisbonne contenait justement des mesures allant dans ce sens!
C'est dire que les Européens convaincus que nous sommes doivent faire preuve de pédagogie en rappelant ce que fait l'Europe et pourquoi il faut continuer à la construire.
La présidence française qui s'ouvre dans quelques jours devra relever ce défi et inventer très vite les mécanismes qui permettront à l'Europe d'avancer malgré le scrutin irlandais!
01:09 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (0)
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